Discours, écrits de Joseph Ratzinger / Benoît XVI

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sylvie.france
00domenica 4 dicembre 2005 02:05
Conférence de carême à Notre-Dame de Paris
par le Cardinal Joseph RATZINGER

Dimanche 8 avril 2001

L'Eglise au seuil du troisième millénaire

Eminence, chers frères et soeurs

Récemment j'ai lu dans une revue les propos d'un intellectuel allemand qui, sur la question de Dieu, se disait agnostique, et il ajoutait que Dieu on ne pouvait ni le prouver ni exclure totalement son existence, que le problème demeurait ouvert.

Par contre, il était fermement convaincu de l'existence de l'enfer ; il lui suffisait d'allumer la télévision pour constater qu'il existe bel et bien.

Alors que la première partie de cette profession correspond pleinement à la conscience moderne, la seconde paraît bizarre, voire même incompréhensible, tout au moins à première vue.

Car comment croire à l'enfer si Dieu n'existe pas ? A y regarder de plus près cette déclaration s'avère tout à fait logique.
L'enfer c'est vivre dans l'absence de Dieu. C'est cela sa définition.
Là où Dieu n'est pas, là où ne pénètre plus aucune lueur de sa présence, voilà l'enfer.

Et la preuve peut-être, ce n'est pas tant le spectacle quotidien de la télévision mais plutôt un regard sur le siècle écoulé qui nous a laissé des mots comme Auschwitz, l'Archipel du Goulag, ou les noms de Hitler, Staline, Pol Pot.
Celui qui lit les témoignages de ces mondes démoniaques a des visions qui n'ont rien à envier en cruauté et en destruction à la descente aux enfers de Dante et qui sont plus effrayantes parce que le mal y a une dimension que le regard de Dante n'a pas pu pénétrer.
Ces enfers furent construits pour pouvoir préparer le monde futur des hommes qui se suffisent à eux-mêmes et qui prétendent ne plus avoir besoin de Dieu.

Au moloch de l'utopie d'un monde sans Dieu ou libéré de Dieu on a sacrifié l'homme qui dès lors disposait de lui-même et ne connaissait plus les limites de son pouvoir, car il n'y avait plus de dieu au-dessus de lui, parce qu'aucune lueur de cette ressemblance à Dieu n'émanait plus de lui.

Là où Dieu n'est pas, c'est là que l'enfer surgit, et l'enfer persiste simplement de par l'absence de Dieu. On peut aussi y arriver sous des formes subtiles et presque toujours en disant vouloir le bien des hommes.

Quand aujourd'hui on fait du commerce avec les organes humains, quand on fabrique des fœtus pour avoir des organes en réserve ou pour avancer la recherche médicale et préventive, bon nombre considèrent le contenu humain de ces pratiques comme élémentaire, mais ce mépris de l'homme qui est sous-jacent - quand on use et abuse de l'homme - ramène qu'on le veuille ou non à la descente aux enfers. Cela ne veut pas dire qu'il ne puisse pas y avoir et qu'il n'y ait pas d'athées avec un grand sens éthique.
Mais j'ose pourtant dire que cette éthique repose sur cette lumière venue un jour du Sinaï et qui continue à briller, je veux dire la lumière de Dieu.

Des étoiles bien lointaines et éteintes peuvent encore briller dans notre monde.
Et là où Dieu semble mort, sa lumière peut continuer à agir. Mais Nietzche a eu raison de souligner que le moment où la nouvelle de la mort de Dieu sera partout connue, où sa lumière serait définitivement éteinte, ce moment-là ne peut qu'être effroyable.

Pourquoi dire cela dans une réflexion sur ce que, nous chrétiens, avons à faire aujourd'hui dans l'instant historique que nous vivons au début du troisième millénaire ?

je le dis parce que justement notre tâche de chrétien s'en trouve éclairée.
Cette tâche est à la fois simple et immense : il s'agit de témoigner de Dieu, d'ouvrir les fenêtre verrouillées et voilées pour que sa lumière puisse briller parmi nous, pour que nous fassions place à sa présence ; inversons les choses : là où Dieu est, c'est le ciel, là, la vie, même au prix des misères de notre existence, devient claire.

Le christianisme n'est pas une philosophie compliquée qui a vieilli au cours du temps, ce n'est pas un fatras incommensurable de dogmes et de préceptes ; la foi chrétienne, c'est d'être touché par Dieu et témoigner de lui.
Devant l'aréopage Paul a donc décrit dans ce sens sa mission et son intention de faire connaître le dieu inconnu aux Athéniens à qui il s'adressait en apôtre des nations, de faire connaître ce Dieu qui sortait de l'ombre et s'était fait connaître lui même et donc pouvait être annoncé par lui, Paul (Ac 17, 16-34).
S'attacher à la parole du dieu inconnu suppose que l'homme sait, dans son ignorance, quand même quelque chose de Dieu. Cela correspond à la situation de l'agnostique qui ne connaît pas Dieu et qui pourtant ne peut le nier.
Cela suppose que d'une certaine façon l'homme attend Dieu et qu'il ne peut l'atteindre seul, mais qu'il a donc besoin de l'annonce, de la main qui le tire vers lui dans la sphère de sa présence.

Ainsi nous pouvons dire : l'Eglise est là pour que Dieu, le Dieu vivant soit annoncé, pour que l'homme puisse apprendre à vivre avec Dieu, sous ses yeux et en communion avec lui. L'Église est là pour conjurer la progression de l'enfer sur terre et pour rendre celle-ci habitable à la lumière de Dieu. Grâce à lui et seulement grâce à lui elle sera humaine.
Nous pouvons aussi l'exprimer à partir de la troisième demande du Notre Père « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».

Là où la volonté de Dieu se réalise, c'est le ciel, la terre peut devenir ciel.
C'est pourquoi il s'agit de faire connaître la volonté de Dieu et d'accorder la volonté des hommes à la volonté de Dieu. Car Dieu on ne peut le reconnaître simplement par l'intellect, on ne peut simplement en prendre acte comme par exemple j'enregistre l'existence d'astres lointains et les données du passé.

La connaissance de Dieu est comparable à la connaissance de l'amoureux. Elle me concerne tout entier, elle réclame aussi ma volonté et elle s'enlise quand elle n'est pas enracinée dans la totalité de la personne

Mais là j'ai déjà anticipé.
Dans un premier temps tenons bon: pour l'Église il ne s'agit jamais simplement de maintenir, ou d'augmenter ou d'étendre ce qu'elle a déjà.

L'Église n'est pas là pour elle-même. Elle ne peut ressembler à une association qui veut dans des situations difficiles se tenir à flot.
Elle a une mission pour le monde, pour l'humanité. Et c'est seulement pour cette raison qu'elle doit survivre, parce que sa disparition entraînerait l'humanité dans un tourbillon, celui des ténèbres, de l'obscurité, même de la destruction de ce qui fait l'homme.
Nous ne nous battons pas en pensant à notre conservation, nous nous savons chargés d'une mission, qui nous impose une responsabilité face à tous.

C'est pourquoi l'Église doit se mesurer à elle même et être mesurée à la façon dont sont vivantes en elle la présence de Dieu, sa connaissance et l'acceptation de sa volonté.
Une Eglise qui ne serait que l'appareil qui se dirige lui même serait une caricature de l'Église.
Tant qu'elle tournera autour d'elle même et qu'elle ne regardera que les buts à poursuivre pour sa survie elle sera superflue et dépérira, même si elle dispose de grands moyens et qu'on la manage habilement.
Elle ne peut vivre et fructifier que si la primauté de Dieu est vivante en elle.

L'Église disons n'est pas là pour elle-même, mais pour l'humanité. Elle existe pour que le monde soit un espace pour la présence de Dieu, l'espace de cette alliance entre Dieu et les hommes. C'est ce qu'on trouve déjà dans le récit de la création (Gen l,l - 2,4).

Le texte se terminant sur le sabbat veut faire comprendre le fait que la création a une cause, une finalité interne. Elle est là pour que l'alliance ait lieu, alliance où Dieu donne son amour et reçoit la réponse de cet amour.
L'idée que l'Église soit faite pour l'humanité apparaît depuis peu sous une variante qui est très plausible à l'esprit moderne mais met en jeu l'essentiel.

On dit que l'histoire de la théologie et de la compréhension de l'Eglise s'est déroulée ces derniers temps en trois étapes : d'une théologie ecclésiocentrique on serait passé à une théologie christocentrique pour finir à une théologie théocentrique.
Cela est un progrès, mais on dit le point final ne serait pas atteint. Il est clair, dit-on, que la théorie ecclésiocentrique était fausse.

L'Eglise n'a pas le droit de se mettre elle-même au centre de tout, elle n'est pas là pour elle-même. On est donc passé à la théologie christocentrique, le christ doit être le centre de tout. Mais on a reconnu alors que le Christ se transcende dans le Père et ainsi on en est arrivé à la théologie théocentrique.

Ce chemin impliquerait une ouverture progressive de l'Eglise vers l'extérieur, vers les autres religions.

L'Eglise , dit-on, divise, mais le Christ aussi divise, dit-on. Et maintenant on ajoute: Dieu lui aussi divise car les images de Dieu sont contradictoires et il y a des religions sans Dieu personnel, des philosophies sans dieu.

Ainsi on pose le postulat d'une quatrième étape en lien apparent avec l'Evangile, étape où le royaume qu'on ne nomme plus royaume de Dieu mais simplement royaume comme marque du monde meilleur à construire, sera au centre.

La primauté du royaume signifie qu'à présent, en dépassant les frontières des religions et des idéologies, tout le monde peut s'unir dans l'engagement pour des valeurs du royaume comme la paix, la justice, la préservation de la création.
Cette triade de valeurs remplace aujourd'hui le concept du dieu disparu et est en même temps la formule unificatrice, qui par delà toutes les différences, pourrait guider à la réunion universelle des hommes bonnes volontés (et qui n'en serait pas?) et ainsi amener vraiment un monde meilleur.

Cela semble tentant. Qui ne se sentirait pas obligé de suivre le but de la paix sur terre ? Qui n'aurait pas besoin de lutter pour que la justice arrive, et qu'enfin les inégalités criantes entre les classes, les races et les continents disparaissent ? Et qui ne verrait pas aujourd'hui la nécessité de défendre la création contres les destructions modernes ?

Dieu serait-il donc devenu superflu ? Est-ce que ces trois valeurs peuvent le supplanter ? Mais d'où savons-nous ce qui sert la paix ? Où prenons-nous la mesure de la justice et la distinction du bien et du mal ? Et comment reconnaissons-nous le moment où la technique correspond aux exigences de la création et celui où elle assure sa destruction ?

Qui s'en tient à ces valeurs ne peut se cacher qu'elles deviennent vite le théâtre d'idéologies et ne résistent pas sans une critèriologie cohérente et correspondant à la réalité même de la création et de l'homme.
Les valeurs ne peuvent remplacer la vérité, elles ne peuvent remplacer Dieu dont elles sont la pâle figure et sans la lumière duquel elles sont mal définies.

On en revient toujours à la même chose : sans Dieu le monde ne peut s'éclairer et l'Eglise sert le monde en faisant en sorte que Dieu vive en elle, qu'elle soit transparente pour lui et qu'elle le porte à l'humanité.
Et là nous sommes enfin arrivés à la question pratico-pratique : comment cela marche-t-il ?
Comment pouvons-nous reconnaître Dieu même et comment pouvons-nous le transmettre aux autres ?

Je pense que divers chemins doivent s'imbriquer. Il y a d'abord le chemin pris par Paul devant l'aéropage, il partait de l'idée que l'homme a au fond de lui la prescience de Dieu, c'est l'appel à la raison. Saint Paul dit :« Dieu n'est pas loin de chacun de nous » , « c'est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être » (Acl7, 27s). Dans l'Epître aux Romains la même pensée est encore renforcée. « Ce qu'il y a d'invisible depuis la création du monde se laisse voir à l'intelligence à travers ses ceuvres, son éternelle puissance et sa divinité » (1,20).

La foi chrétienne fait appel à l'intelligence, à la transparence de la création pour trouver son créateur. La religion chrétienne est une religion du logos : « Au commencement était le Verbe », c'est notre traduction de la première phrase de l'Evangile selon Saint Jean, qui sciemment renvoie au premier verset de la Bible, au récit de la Création par le Verbe. Mais « Verbe » (Logos) signifie au sens biblique également raison, avec sa puissance créatrice. Alors est-ce que le verset sur le commencement du monde compris dans ce sens est valable aujourd'hui encore ?
Est-ce que l'Eglise peut encore aujourd'hui faire appel à la raison, renvoyer à la transparence de la création pour trouver son esprit créateur ?

Il y a aujourd'hui une version matérialiste de la théorie de l'évolution qui se présente comme étant le dernier mot de la science et qui revendique d'avoir, par ses hypothèses, rendu l'esprit créateur superflu et l'avoir même exclu définitivement.
Jacques Monod qui a élaboré cette vision avec une logique admirable a dit en parlant de sa théorie avec l'honnêteté qui le caractérise: « Le miracle a certes été expliqué, mais il reste pour nous un miracle ».
Il cite ensuite le commentaire que François Mauriac a fait de ses thèses qui disait : « Ce que dit ce professeur est encore plus incroyable que ce que nous, pauvres chrétiens, nous croyons. »

Et Monod ajoute: « C'est aussi vrai que le fait que nous ne réussissons pas à nous faire une représentation intellectuellement satisfaisante de certaines abstractions de la physique moderne.
Mais nous savons également , il continue, que de telles difficultés ne peuvent servir d'argument contre une théorie qui a pour elle les certitudes de l'expérience et de la logique. »

Alors il convient de poursuivre le questionnement : de quelle logique ? Je ne peux et ne veux pas ici rentrer dans la polémique, je dirai simplement que la foi n'a aucune raison de s'effacer: Si on opte pour dire que le monde est né de la raison et non du hasard, cette option peut aujourd'hui vraiment être défendue raisonnablement, mais cela doit il est évident être confronté aux véritables connaissances des sciences naturelles.

C'est une mission de l'Eglise d'aujourd'hui, de relancer le débat sur la raison de la foi ou de l'incroyance. La foi n'est pas ennemie de la raison, mais elle défend sa grandeur comme le Pape l'a exposé avec passion dans son encyclique Foi et raison.

Lutter pour la nouvelle présence de l'intelligence de la foi c'est la mission urgente que je vois pour l'Eglise dans notre siècle. La foi ne doit pas se replier sur elle, dans sa coquille, par une décision qui n'est plus justifiée, elle ne doit pas se ratatiner dans une sorte de système de symboles, dans lequel on s'enferme et qui resterait finalement un choix accidentel parmi d'autres visions de la vie et du monde.

La foi a besoin du large espace de la raison, a besoin d'ouverture, elle a besoin de professer le Dieu créateur, car sans cette profession de foi la christologie elle même se dessèche, elle ne parle alors plus qu'indirectement de Dieu en se référant à une expérience religieuse particulière qui serait, par la force des choses, limitée et devient une expérience parmi d'autres.

L'appel à la raison est une grande tâche de l'Eglise, justement aujourd'hui car là où la foi et la raison se divisent, les deux en pâtissent.
La raison devient froide et perd ses critères, elle devient cruelle parce qu'elle n'a plus rien au dessus d'elle. L'entendement limité de l'homme décide alors seul comment poursuivre la création, décide seul qui a droit de vivre et qui est exclu de la table de la vie : la voie de l'enfer, nous l'avons vu, est alors ouverte.

Mais la foi aussi tombe malade sans le vaste espace de la raison. Et les graves dégâts qui peuvent venir d'une religiosité malade nous les voyons suffisamment de nos jours. Ce n'est pas pour rien si dans l'Apocalypse la religion malade qui a rompu avec la grandeur de la foi en la création est présentée comme le véritable pouvoir de l'Anti-Christ.

Ce qui reste vrai bien sûr c'est le fait que la révélation de la création à laquelle Paul renvoie dans le discours devant l'Aréopage et dans l'Epître aux Romains ne suffit pas à elle seule à mettre l'homme vraiment en lien avec Dieu.
Dieu est allé au devant de l'homme.
Il lui a montré son visage, il lui a ouvert son cœur « Nul n'a jamais vu Dieu.
Le Fils unique qui est tourné vers le sein du Père lui l'a fait connaître » dit l'Evangile de Jean (Jean 1 18). Cette nouvelle, l'Eglise a à la transmettre. Elle doit amener les hommes au Christ, le Christ aux hommes afin que Dieu vienne vers eux et eux vers Dieu.

Le Christ n'est pas un quelconque grand homme avec une profonde expérience religieuse, il est Dieu, Dieu fait homme pour qu'il y ait un pont entre l'homme et Dieu et que l'homme puisse vraiment être lui même.
Celui qui voit en Christ seulement un grand homme juste ne le connaît pas vraiment.
Le chemin du Christ et au Christ doit aboutir là où aboutit l'Evangile de Marc, avec l'aveu de l'officier romain devant le crucifié: « Vraiment, cet homme était le fils de Dieu » (15,39). Il doit aboutir là où aboutit l'Evangile de Jean, dans l'aveu de Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu » (20,28). Il lui faut parcourir le grand arc que l'Evangile de Mathieu tend depuis le récit de l'annonciation jusqu'à l'envoi en mission du ressuscité. Dans le récit de l'annonciation Jésus est annoncé comme « Dieu avec nous » (1,23).
Et le dernier mot de l'Evangile reprend cette nouvelle : « Et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » (28,19).
Pour connaître le Christ on doit suivre le chemin que les Evangiles nous montrent.

La grande et principale tâche de l'Eglise c'est aujourd'hui, comme cela a toujours été, de montrer le chemin et d'en offrir l'accompagnement.
J'ai dit précédemment que Dieu on ne le connaît pas seulement avec l'entendement mais à la fois avec sa volonté et avec son cœur.
C'est pourquoi la connaissance de Dieu, la connaissance du Christ est un chemin, dans lequel tout notre être est engagé. La plus belle représentation de notre pèlerinage terrestre c'est Luc qui la donne dans le récit des disciples d'Emmaüs. C'est une marche aux côtés de la Parole vivante du Christ, qui nous explique les Ecritures, la Bible, la fait devenir chemin sur lequel le coeur devient brûlant et à la fin les yeux s'ouvrent : l'Ecriture, l'arbre véritable de la connaissance, nous ouvre les yeux quand nous mangeons en même temps l'arbre de la vie, le Christ.
Alors nous devenons vraiment voyants, et c'est alors que nous vivons vraiment.

Trois composantes sont sur ce chemin: la communauté des disciples, l'Ecriture et la présence vivante du Christ. Ainsi ce chemin des disciples d'Emmaüs est en même temps une description de l'Eglise - une description qui est comme le mûrissement de la connaissance progressive de Dieu. Cette connaissance devient communion réciproque elle aboutit à la fraction du pain dans laquelle l'homme est l'invité de Dieu et Dieu invite l'homme.
Le Christ - cela devient clair ici - on ne peut l'avoir pour soi seul. Il ne nous mène pas seulement à Dieu mais l'un à l'autre.
C'est pourquoi le Christ et l'Eglise forment un tout, comme l'Eglise et la Bible vont ensemble.

Réaliser cette grande communion dans chacune des communautés à l'échelle de l'évêché, de la paroisse, des mouvements d'église fut, est, sera toujours la mission centrale de l'Eglise.
Elle doit être perçue comme accompagnement de nos soucis, de la parole de Dieu et du Christ, et nous mener au don du sacrement qui doit anticiper les noces de Dieu avec l'humanité.

Revenons sur les réflexions faites jusqu'ici, nous pouvons alors dire : la question du Christ n'est en fait pas une question en soi, une deuxième question à côté de la question de Dieu mais c'est la façon dont le problème de Dieu s'incarne pour nous, nous tient pour ainsi dire au corps et pénètre notre âme.
Et l'Eglise à nouveau n'est pas un troisième problème en soi mais il se fond dans le problème du Christ: L'Eglise est l'accompagnement sur la route avec lui et vers lui et nous ne la comprendrons que si elle reste dans son rôle de service.

Et alors nous pourrons l'aimer vraiment comme on aime un compagnon de route.
Maintenant il faudrait développer de plus près ce qui permet dans le détail ce pèlerinage terrestre. Là dessus le Pape dans sa lettre apostolique novo millenio ineunte a dit l'essentiel et je voudrais donc dans cette partie de conclusion de mes réflexions me contenter de quelques remarques.

Le Pape parle en détail dans ce texte de l'importance de la prière qui fait du chrétien un chrétien. Dans la prière, dit il, nous faisons l'expérience de la primauté de la grâce : Dieu nous devance toujours.
Le christianisme n'est pas un moralisme, quelque chose d'offert par nous. Dieu d'abord va vers nous, puis nous pouvons aller avec lui, alors nos forces intérieures sont libres. Et la prière, poursuit le Pape, nous fait vivre la primauté du Christ, la primauté de l'intériorité et de la sainteté.

Le Pape ajoute à cet endroit une question qui mérite réflexion, je cite : « Là où ce principe de l'intériorité n'est pas respecté on n'a pas à s'étonner si les projets pastoraux échouent et s'il reste à l'intérieur un sentiment de frustration et d'affliction (38) » La primauté de l'intériorité nous devons la réapprendre et la mettre au dessus de tout notre activisme - la composante mystique du christianisme doit retrouver vigueur.

De la prière personnelle le Pape passe de façon tout à fait logique à la prière communautaire liturgique, avant tout à l'eucharistie du dimanche. Le dimanche comme jour de résurrection et l'eucharistie comme rencontre avec le ressuscité font un tout.
Le temps a besoin de son rythme interne.
Il a besoin d'allier le quotidien de notre travail et la rencontre festive avec le Christ dans l'église, dans le sacrement.
Redécouvrir le dimanche, le pape voit là à juste titre une tâche pastorale de premier rang. Le temps retrouve donc sa logique interne.
Dieu devient à nouveau le point de départ et d'arrivée du temps.
En même temps le dimanche est aussi le jour de la communauté humaine, le jour de la cellule familiale et le jour où la grande famille, la famille de Dieu se forme dans l'église et où l'église vit réellement.

-Quand on ne vit l'église qu'à travers les réunions et la paperasse on ne la connaît pas.

Elle devient sujet d'agacement parce que ou bien elle devient objet de notre propre agir ou bien elle apparaît comme quelques chose d'imposé, d'étranger. De l'intérieur nous ne connaissons l'église que lorsque nous faisons l'expérience de son propre dépassement, lorsque le Seigneur entre en elle et qu'elle en fait sa maison et que nous sommes du coup ses frères et sœurs. C'est pourquoi la fête sacrée de l'eucharistie est si importante, et que le dépouillement de l'église doit y apparaître.
La liturgie nous ne la faisons pas nous mêmes. Nous n'inventons pas quelques chose du type des comités de fête , ou des présentateurs télé.
Le Seigneur vient.
La liturgie a grandi, depuis le Christ et les apôtres, dans la foi de l'église, nous entrons en elle, nous ne la faisons pas.

De cette façon seulement on peut parler de fête et la fête comme anticipation de la liberté future est indispensable à l'homme. On pourrait même dire c'est le devoir de l'Eglise de nous offrir de vivre cette fête. La fête est née dans toute l'histoire de l'humanité comme événement cultuel et elle est impensable sans la présence du divin.
C'est là qu'elle trouve sa vraie grandeur, là où réellement Dieu devient notre invité et nous invite à son repas.

Je voudrais si le temps le permet mentionner encore deux points

Le Pape va de la liturgie dominicale au sacrement de la réconciliation. Aucun sacrement ne nous a été aussi étranger dans ces dernières décennies que celui là. Et pourtant qui n'aurait pas conscience que nous avons besoin de réconciliation, que le pardon, la purification intérieure sont indispensables ?

entre temps nous avons recours à la psychothérapie et à la psychanalyse : leur rôle et leurs capacités ne sont pas contestées. Mais sans la parole qui vient de Dieu de miséricorde nos tentatives de réparer notre âme malade sont insuffisantes.

-Cela mène à un deuxième point : j'avais dit que pour reconnaître Dieu tout l'homme est nécessaire, son entendement, sa volonté, son cœur. Pratiquement cela signifie que nous ne pouvons pas connaître Dieu si nous ne sommes pas prêts à nous laisser guider par sa volonté et si nous ne le prenons pas comme critère et orientation pour notre vie. Et cela signifie plus concrètement : Pour vivre un chemin de foi sur la route qui mène à Dieu la vie doit suivre les commandements.

Ce n'est pas une décision étrangère, imposée à l'homme. Quand nous nous mettrons en accord avec la volonté de Dieu notre ressemblance à Dieu s'accomplira et nous deviendrons ce que nous sommes : image de Dieu.
Et parce que Dieu est amour, les commandements dans lesquels sa volonté se manifeste sont les variations essentielles du seul et même thème : de l'amour. Ils sont les règles concrètes de l'amour en Dieu, du prochain, de la création et de nous mêmes.

Et parce que à nouveau dans le Christ réside tout le Oui à la volonté de Dieu, qu'en lui est l'image de sa grandeur, la vie selon l'amour et la volonté de Dieu,et d'imitation du Christ, abandon à lui et marche avec lui. Renvoyer aux commandements a été ces dernières décennies étouffé dans l'Eglise, tant monte le soupçon de réglementation et de moralisme.

En effet le renvoi aux commandements reste une démarche extérieure quand elle n'est pas éclairée par la lumière de la présence de Dieu dans nos âmes et par le Christ qui nous précède.
Tout cela reste sur le plan de la morale quand cela n'est pas vu à la lumière de la grâce du pardon. Israël était fier de connaître la volonté de Dieu et ainsi de savoir le chemin de vie.
Le psaume 119 est dans son intégralité une continue éclosion de reconnaissance et de joie, celle de connaître la volonté de Dieu. Nous connaissons cette volonté devenue chair en Jésus-Christ: elle est chemin tracé et miséricorde, accueil et guide continuels.

Ne devrions-nous pas retrouver cette joie au milieu d'un monde troublé et sombre ? Raviver sans arrêt la joie que Dieu procure, la joie de sa révélation, raviver cette amitié avec Dieu, me semble être une tâche urgente de l'Eglise en notre siècle.
C'est justement pour nous que valent les mots prononcés par le prêtre Esdras au peuple d'Israël qui manquait de courage après l'Exil : « La joie dans notre Seigneur est notre force ».(Neh 8,10).

merci--------------------------------------- (stop vidéo)

(suite du texte non dite)
Je voudrais conclure avec l'image de la Divine Comédie de Dante. Nous étions partis de la descente aux enfers, dans un monde sans Dieu.

Le monde de la purification, le chemin vers Dieu. Dante le décrit comme l'ascension d'une montage. Ce cheminement extérieur devient le symbole du cheminement intérieur vers la véritable hauteur, la hauteur divine. L'ascension est d'abord infiniment difficile pour l'homme lié à la terre.

Dans la représentation poétique de Dante un ange éteint après la première étape de sa route, le signe de fierté sur le front du grimpeur et voici qu'en poursuivant sa route il a un sentiment étrange : alors que nous escaladions les roches sacrées, c'est comme si j'étais libéré d'une grande chose. Et je m'exprimai ainsi : Maître, dis je, quelle est cette lourde charge qui s'est détachée de moi, pour que je n'ai plus de peine à marcher ? » (II 12, 115-120).

Se libérer de sa fierté aide au dépassement de la difficulté. Nos pensées, comme l'orgueil, l'avarice, l'ambition ou tout ce qui habite de sombre et de mauvais notre âme, sont les poids qui nous empêchent de grimper, qui nous rendent incapables d'atteindre la hauteur:

«plus l'homme devient pur, plus il est de la famille de l'être suprême. Que son poids diminue et sa force pour grimper croît .... La liberté grandit, elle est parfaite quand la volonté fait un avec l'exigence ». (R. Guardini, l'ange dans la Divine Comédie de Dante 1995, page 48). Ce qui est support de notre foi et que nous appelons Eglise doit être une communauté qui se hisse vers les hauteurs, communauté dans laquelle toutes nos purifications s'accomplissent, une communauté qui nous rend capable d'atteindre la vraie hauteur de l'humanité, d'être en communion avec Dieu. Dans la mesure de cette purification, l'ascension qui est au départ si pénible mène visiblement à la joie. Cette joie doit de plus en plus émaner de l'Eglise dans le monde.



Extrait tiré de "Quel avenir pour l'Eglise?"
Presses de la Renaissance


*****************************

On m'avait envoyé ce texte, mais il a fallu que j'écoute la vidéo de KTO, et suive mot à mot pour le modifier.

Monsieur Ratzinger a, comme souvent, pris des libertés avec son texte et fait quelques improvisations [SM=g27820]: .

Mais ce fut un vrai délice , qui m'a permis de le savourer encore plus ; j'ai tenté de l'aérer un peu, sinon, c'était épuisant à lire.

C'est du TRES BEAU "Joseph Ratzinger" [SM=g27823]
je ne m'en lasse pas.

Sylvie

TERESA BENEDETTA
00domenica 4 dicembre 2005 06:28
MERCI POUR CE TEXTE
Chere Sylvie...MERCI, MERCI ET MERCI...J'ai commence a faire la transcription du video cet apres-midi, et alors, il ne faut pas
parce-que tu nous l'as donne. J'aime tant ecouter Ratzi en francais! Tu sais s'il y a une enregistration de son discours en 1992 quand il etait accepte a l'Academie Francaise? Ou, peut-etre, son intervention a Fontgombault pendant une conference sur liturgie?

Est-ce que tu peut capter des photos de cette video comme tu avais fait avec le video de la Television Suisse-Romande? J'aime bien voir une petite serie...

Et pardonnes l'exigence d'une Benoitphile incurable et insatiable!
beatrice.France
00domenica 4 dicembre 2005 17:25
Angelus du 4 décembre
Superbe texte, Sylvie, et beau travail!


Le Pape dit que la liberté religieuse est menacée
CITTA' DEL VATICANO (Reuters)

Le Pape Benoît a dit aujourd'hui lors de l'Angelus que la liberté religieuse n'est pas universellement respectée, y compris dans les pays qui la reconnaissent comme un droit de l'Homme.

"La liberté religieuse est bien loin d'être effectivement assurée partout", a dit le Pape aux fidèles réunis Place Saint-Pierre, avant de réciter l'Angelus

"Dans certains cas, elle est niée pour des motifs religieux ou idéologiques; d'autres fois, bien que reconnue sur le papier, elle est entravée dans les faits par le pouvoir politique, ou bien, de manière plus subtile, par la prédominance culturelle de l'agnosticisme et du relativisme", a-t'il déclaré.
Benoît n'a mentionné explicitement aucun pays, mais ses paroles ont évoqué les préoccupations déjà exprimées par l'Eglise, sur la diffusion dans le monde de la "christianophobie".
Peu avant son élection sur le trône de Pierre, le Pape avait dit que l'Eglise devait rejeter "la dictature du relativisme" qui nie l'existence d'une vérité absolue.



Photo Alessandro Bianchi, Agence Reuters




[Modificato da beatrice.France 04/12/2005 17.28]

sylvie.france
00lunedì 5 dicembre 2005 00:40
Re: MERCI POUR CE TEXTE

Scritto da: TERESA BENEDETTA 04/12/2005 6.28
J'aime tant ecouter Ratzi en francais! Tu sais s'il y a une enregistration de son discours en 1992 quand il etait accepte a l'Academie Francaise? Ou, peut-etre, son intervention a Fontgombault pendant une conference sur liturgie?

Est-ce que tu peut capter des photos de cette video comme tu avais fait avec le video de la Television Suisse-Romande? J'aime bien voir une petite serie...

Et pardonnes l'exigence d'une Benoitphile incurable et insatiable!



Je suis désolée, j'ai cherché partout .
Il n'existe aucun enregistrement audio ou vidéo de 1992 ou de Fontgombault [SM=g27825]

Dommage !
Sylvie
TERESA BENEDETTA
00lunedì 5 dicembre 2005 00:59
Merci quand meme, Sylvie! Mais oui, quel dommage!
beatrice.France
00lunedì 5 dicembre 2005 13:11
Discours lors de sa décoration par la France en 1988
Notre pays rend bien mal à notre Benoît XVI sa francophilie éclairée: peut-être que nous ne la méritons pas. Et peut-être qu'il idéalise, hélas!

Admirateur zélé de la Douce France, [mai 1998]

Discours lors de sa décoration par la France

Le 11 mai 1998, M. Jean-Louis Lucet, alors ambassadeur de France près le Saint-Siège, avait remis les insignes de Commandeur de l'Ordre de la Légion d'Honneur au cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. La cérémonie s'était déroulée à la Villa Bonaparte (ambassade de France près le Saint-Siège) en présence de plusieurs cardinaux, prélats et ambassadeurs. Le récipiendaire avait alors mis en exergue son attachement à la France qui l'honorait :

En cette heure où les mots me manquent, je ne puis que dire du fond du coeur merci, merci au Président de la République française, qui m'a nommé Commandeur de la Légion d'honneur;
merci à vous, Monsieur l'Ambassadeur et à vous, Madame, pour votre amitié et pour votre engagement.
Je n'aurais jamais rêvé de l'honneur et du bonheur de me trouver lié d'une manière si réelle et si profonde à la grande tradition culturelle et spirituelle française.
J'ai toujours été, dès ma jeunesse, un admirateur zélé de la Douce France.
Dans une Allemagne détruite et humiliée par suite de la Guerre, le premier drame que j'ai vu était Le Soulier de satin de Paul Claudel. C'était à un tournant important de ma vie. Le symbolisme de l'amour et du renoncement, de la fécondité du renoncement, de la grâce divine dans la faiblesse humaine s'était transformé pour moi en un message très personnel, en une indication fondamentale du chemin de vie que je devais prendre.
Nous avions alors commencé à lire les grands écrivains français contemporains : Bernanos, Mauriac, Péguy, mais aussi des laïques comme Anouilh et Sartre.
En ce temps-là, les frontières de l'Allemagne étaient encore fermées, mais en 1948, il nous a été donné de connaître le livre Surnaturel du Père Henri de Lubac : ce livre, avec sa nouvelle anthropologie, avec sa profonde sensibilité pour l'homme moderne et sa profonde fidélité au vrai message de la foi chrétienne était pour nous un événement. Il nous ouvrait une nouvelle vision du monde et présentait une nouvelle synthèse entre modernité et tradition. U
n peu plus tard, j'ai découvert aussi d'autres théologiens français comme Congar, Daniélou, Chenu ma pensée s'est charpentée au contact de ces maîtres en qui je trouvais une synthèse exemplaire entre spiritualité et sciences, entre intuition et rigueur méthodologique.

Henri de Lubac: homme de paix et de fraternité
Pour moi, le grand moment, c'est celui où il m'a été donné, pour la première fois, au Concile, en 1962, de saluer le vénéré Père de Lubac, et j'ai été stupéfié par l'humilité et la cordialité avec laquelle ce grand homme saluait le jeune théologien allemand obscur que j'étais. Le Père de Lubac était un des inspirateurs courageux de la résistance en France pendant la Guerre. Il avait lutté contre une idéologie du mensonge et de la violence, mais pas contre un peuple. Cette résistance portait en soi la vraie force de la réconciliation : l'humanisme chrétien, basé sur l'universalité et la force unifiante de la vérité. La vérité est aussi un glaive contre le mensonge, et le Père de Lubac n'a pas eu peur de diriger ce glaive contre le mensonge dans l'Église et hors de l'Église, avant et après le Concile. Mais il était surtout l'homme de la paix et de la fraternité dans l'amour du Christ. Pour moi, l'amitié avec le Père et le cardinal de Lubac, mûrie pendant le Concile et à l'occasion des temps de travaux communs au sein de la Commission théologique internationale est un des plus grands dons que j'aie reçu dans ma vie. Ce grand chrétien était pour moi l'incarnation de l'humanisme chrétien authentique capable de fonder une Europe dans la communion fraternelle avec tous les continents. Le cardinal de Lubac s'imposait à moi comme l'incarnation de la noble France et un modèle parfait de savoir vivre évangélique. Je félicite la France pour ces grandes personnalités, je remercie la France pour le don de sa culture humaniste.
J'espère que, nous tous, nous pouvons contribuer à former une Europe pétrie des grandes valeurs de sa tradition chrétienne, pour barrer la route aux tentations idéologiques de tout genre.
Merci encore une fois pour l'honneur d'appartenir à la Légion d'honneur. Vive l'amitié entre la France et l'Allemagne, Vive la France !


In "Documentation Catholique", Hors-série n°1, "Cardinal Joseph Ratzinger, discours et conférences de Vatican II à 2005"


beatrice.France
00mercoledì 7 dicembre 2005 17:21
Interview du Cardinal Ratzinger dans le magazine "30 jours", septembre 2003
J'ai trouvé ce magazine en kiosque absolument par hasard, juste après l'élection. (n° de Juin 2005).



Il s'agit de la version française d'un mensuel italien intitulé 30 GIORNI nella chiesa nel mondo (en français: 30 Jours). Il contient énormément de photos et de témoignages.

Dans cette interview, Joseph Ratzinger parle très simplement de ses rencontres avec deux des Papes qui l'ont précédé, Jean-Paul 1er et Jean-Paul II (bien que je l'ai relu, il peut y avoir des coquilles dûes au logiciel d'OCR).

Le Seigneur choisit notre pauvreté
Le cardinal Ratzinger raconte le moment où il a été nommé archevêque de Munich puis cardinal par Paul VI en 1977 et évoque les deux conclaves de 1978

par Gianni Cardinale

L'été de l'année 1978 ne fut pas un été comme les autres pour l'Église catholique.
En l'espace de quelques semaines, les cardinaux se trouvèrent deux fois réunis en conclave pour élire le successeur de Pierre. Le 6 août, en effet, après quinze ans de pontificat, Paul VI mourut. Il aurait eu quatre-vingt un ans le 26 septembre suivant. Le 26 août, après un très rapide conclave - deux jours et quatre votes - le patriarche de Venise Albino Luciani fut élu pape et prit le nom de Jean Paul P. Il allait avoir soixante-six ans le 17 octobre, mais il ne fêta pas son anniversaire. Son pontificat dura à peine trente-trois jours. À l'aube du 28 septembre, le nouveau Souverain Pontife fut trouvé sans vie, dans sa chambre à coucher. Le Sacré Collège se réunit donc à nouveau pour le conclave qui, le 16 octobre - après trois jours et huit votes -, élut l'archevêque de Cracovie Karol Wojtyla, cinquante-huit ans. Celui-ci prit le nom de Jean Paul II et devint le premier pape polonais de l'histoire et le premier pape non italien depuis quatre cent cinquante-six ans.

Pour rappeler, vingt-cinq ans après, les événements dramatiques de cet été-là, 30 Jours a demandé son témoignage au cardinal Joseph Ratzinger, soixante-seize ans, sans conteste le plus connu des vingt et un cardinaux de l'actuel Sacré Collège qui ont participé aux deux conclaves de 1978.
Nous avons aussi parlé avec le cardinal bavarois de ses entretiens et de ses rencontres avec Paul VI et avec Jean Paul II entre 1977 et 1978.
Le cardinal Ratzinger n'a guère besoin d'être présenté. Théologien de grande renommée depuis l'époque du Concile Vatican ll, nommé évêque de Munich et Freising et créé cardinal en 1977 par Paul VI, il est actuellement le seul cardinal européen créé par Paul VI qui siégerait dans un éventuel conclave.. Appelé à Rome par Jean Paul II en 1981, il préside depuis lors la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, la Commission biblique pontificale et la Commission théologique internationale.
Il est actuellement celui qui, dans la Curie romaine, est resté le plus longtemps à la tête d'un dicastère. Élu vice doyen du Sacré Collège en novembre 1998, il a été élu doyen de ce même collège à la fin de 2002.


Éminence, le 24 mars 1977, Paul VI vous a nommé archevêque de Munich, et trois mois plus tard il vous a créé cardinal...

JOSEPH RATZINGER: Deux ou trois jours après ma consécration épiscopale du 28 mai, j'ai été informé que j'avais été nommé cardinal, une nomination qui coïncidait donc presque avec mon ordination sacramentelle. J'ai été très surpris. Je n'ai toujours pas trouvé l'explication de tout cela. Ce que je sais, c'est que Paul VI était au courant de mon travail de théologien. Au point que quelques années plus tôt, en 1975 peut-être, il m'avait invité à prêcher les exercices spirituels au Vatican. Mais je ne me sentais assez sûr ni de mon italien ni de mon français pour préparer et oser une telle aventure et j'ai ainsi décliné l'invitation. Mais c'était la preuve que le Pape me connaissait. Il est possible que Mgr Karl Rauber, aujourd'hui nonce en Belgique, alors étroit collaborateur du Substitut Giovanni Benelli, ait eu quelque part dans cette affaire. Quoiqu'il en soit, en fait, on m'a dit, qu'ayant devant lui les trois noms proposés pour la nomination à Munich et Freising, le Pape aurait choisi ma pauvreté.

Le consistoire du 27 juillet 1977 a été un "mini-consistoire" dans lequel cinq cardinaux seulement ont reçu leur titre...

RATZINGER:Oui, nous étions un petit groupe, intéressant et sympathique. Il y avait Bernardin Gantin, le seul encore en vie avec moi-même. Et puis Mario Luigi Ciappi, le théologien de la Maison pontificale, Benelli, naturellement, et Frantisek Tomasek qui avait été nommé in pectore l'année précédente déjà et qui a reçu la pourpre en même temps que nous.

On raconte que c'est Benelli, lequel avait été nommé archevêque de Florence le 3 juin, qui "a choisi" les noms de ce "mini-consistoire"...

RATZINGER: C'est possible. Je n'ai jamais eu et je n'ai toujours pas envie d'explorer ce genre de choses. Je respecte la Providence: et je ne cherche pas à savoir quels ont été ses instruments.

Que vous rappelez-vous de cette cérémonie?

RATZINGER: Lors de la remise du chapeau dans la salle Paul VI, j'avais un grand avantage sur les autres nouveaux cardinaux. Aucun des quatre autres cardinaux n'avait avec soi une grande famille. Benelli avait travaillé longtemps à la Curie et il n'était pas très connu à Florence. Aussi les fidèles qui venaient de la capitale de la Toscane n'étaientils pas très nombreux. Tomasek - il y avait encore le rideau de fer - ne pouvait avoir d'accompagnateurs; Ciappi était un théologien qui avait toujours travaillé, pour ainsi dire, sur son île; Gantin est du Bénin et il n'est pas facile de venir de l'Afrique à Rome. Beaucoup de gens, au contraire, sont venus pour moi: la salle était presque toute remplie de gens qui venaient de Munich et de Bavière.

Vous étiez la vedette...

RATZINGER: En un certain sens, oui. J'ai été plus applaudi que les autres. On voyait que Munich était là. Et cela a fait visiblement plaisir au Pape de voir, d'une certaine façon, son choix confirmé.

À quelle occasion avez-vous eu un entretien personnel avec le Pape?

RATZINGER: Après la liturgie dans laquelle le Pape nous avait remis l'anneau, on m'a dit que Paul VI désirait me parler en audience privée. J'avais été pendant de longues années un simple professeur, très éloigné des sommets de la hiérarchie, et je ne savais comment me comporter, je me sentais un peu mal à l'aise dans ce contexte. Je n'osais pas parler au Pape parce que je me sentais encore trop simple, mais il a été très bon et m'a encouragé.
Cet entretien n'avait pas de but particulier, Paul VI voulait me connaître de plus près, après peut-être que Benelli lui avait parlé de moi.


Que vous rappelez-vous de la dernière année de pontificat de Paul VI?

RATZINGER: Cette année-là, je suis venu à Rome avec d'autres évêques de Bavière pour la visite ad limina. Et il y a eu à cette occasion une belle rencontre avec le Pape. Paul VI a commencé à parler en allemand, il le parlait assez bien, mais il a préféré ensuite passer à l'italien, langue avec laquelle il lui était plus facile de communiquer. Il a parlé du fond du coeur de sa vie, de sa première rencontre avec notre terre. Il a rappelé que lorsque, jeune prêtre, il était à Munich, il avait été un peu désorienté et qu'il avait trouvé beaucoup de gens pour l'aider. Il s'est agi d'un entretien personnel, sans grands discours: on voyait qu'il avait ouvert son coeur et qu'il voulait seulement partager certains moments avec des confrères dans l'épiscopat. Cela a été une rencontre très sympathique.

Etes-vous venu à Rome d'autres fois quand Paul VI était pape?

RATZINGER: Oui, pour son quatre-vingtième anniversaire,le 26 septembre 19771. Le 16 octobre, il a célébré une messe solennelle à Saint-Pierre. J'ai été frappé à cette occasion de la citation qu'il a faite d'un vers de la Divine Comédie dans lequel Dante parle de «cette Rome dont le Christ est romain» [Purgatoire, XXXII,102].
Paul VI avait la réputation d'être un intellectuel un peu froid avec les gens. Il avait manifesté à ce moment là une chaleur inattendue pour Rome, justement. Je ne connaissais pas ou je ne me rappelais pas ces mots de Dante. Ils m'ont beaucoup impressionné. Paul VI voulait par ces mots exprimer son amour pour Rome qui est devenue la ville du Seigneur, le centre de son Eglise.


Comment avez vous appris la disparition de Paul VI?

RATZINGER: J'étais allé en vacances en Autriche. J'ai été informé le matin même du 6 août que le Saint-Père s'était senti mal à l'improviste. J'ai appelé le vicaire général de Munich pour lui dire d'inviter immédiatement tout le diocèse à prier pour le Pape. Puis j'ai fait une petite excursion et quand je suis revenu, on m'a téléphoné que l'état de santé du Pape s'était aggravé. Et, peu après, on m'a rappelé pour m'annoncer qu'il était mort. J'ai alors décidé de rentrer à Munich le lendemain et le soir même la Télévision est venue m'interviewer. Je suis parti pour Rome après avoir écrit une lettre à mon diocèse.

Où vous avez assisté aux funérailles du Pape.

RATZINGER: J'ai été frappé par la simplicité absolue du cercueil sur lequel était posé l'Évangile. Cette pauvreté, que le Pape avait voulue, m'avait presque choqué. J'ai aussi été impressionné par la messe funèbre qui a été célébrée par le cardinal Carlo Confalonieri qui avait plus de quatre-vingts ans et ne devait donc pas participer au conclave: il a prononcé une très belle homélie. Il y a eu aussi dans une autre messe la belle homélie du cardinal Pericle Felici qui a fait remarquer que, durant les funérailles, les pages de l'Evangile posé sur le cercueil tournaient au vent. Je suis ensuite revenu à Munich pour célébrer une messe en suffrage: il y avait une grande foule dans la cathédrale. Puis je suis retourné à Rome pour le conclave.

Vous étiez un tout jeune cardinal...

RATZINGER: J'étais parmi les plus jeunes, mais, comme j'étais évêque diocésain, j'appartenais à l'ordre des prêtres et donc, dans le protocole, je passais avant de nombreux cardinaux de Curie qui appartenaient à l'ordre des diacres. Ainsi, je n'étais pas au dernier rang. Je me rappelle qu'au déjeuner - les préséances étaient respectées dans cette circonstance aussi - je me trouvais entre les cardinaux Silvio Oddi et Felici, deux cardinaux tout ce qu'il y a de plus italien.

Vous avez réellement eu un rôle important dans ce conclave?

RATZINGER: Il, est vrai qu'avec quelques cardinaux germanophones nous nous sommes rencontrés un certain nombre de fois. Participaient à ces rencontres Joseph Schrôffer, ancien préfet de l'Éducation catholique, Joseph Hôffner de Cologne, le grand Franz Kônig de Vienne - il vit encore -, Alfred Bengsch de Berlin; il y avait encore Paulo Evaristo Arns et Aloisio Lorscheider, tous deux brésiliens d'origine allemande. Il s'agissait d'un petit groupe. Nous ne voulions rien décider du tout, mais nous désirions seulement parler un peu. Je me suis laissé guider par la Providence. J'ai écouté les noms et vu comment un consensus s'est finalement formé sur le nom du patriarche de Venise.

Le connaissiez-vous?

RATZINGER: Oui, je le connaissais personnellement. Pendant les vacances de l'été 1977, je me trouvais en août au séminaire diocésain de Bressanone et Albino Luciani est venu me rendre visite. Le Haut-Adige fait partie de la région ecclésiastique des Trois Vénéties et lui, qui était un homme d'une gentillesse exquise, s'est presque senti obligé, en tant que patriarche de Venise, de venir trouver son jeune confrère. Je me sentais indigne d'une telle visite. J'ai pu à cette occasion admirer sa grande simplicité et aussi sa grande culture. Il m'a raconté qu'il connaissait bien cet endroit où'fl était venu, enfant, avec sa mère, en pèlerinage au sanctuaire de Pietralba, un monastère des Servites de langue italienne à mille mètres d'altitude, où se rendent un grand nombre de fidèles de Vénétie. Luciani avait beaucoup de souvenirs de ces lieux et c'est peut-être pour cela aussi qu'il était content de retourner à Bressanone.

Vous ne l'aviez jamais connu personnellement auparavant?

RATZINGER: Non. J'avais vécu, comme je l'ai dit, dans le monde universitaire, loin de la hiérarchie et je ne connaissais pas personnellement les autorités ecclésiastiques.

L'avez-vous ensuite à nouveau rencontré?

RATZINGER: Non, pas avant le conclave de 1978.

Avez-vous, à cette occasion, échangé quelques mots avec lui?

RATZINGER Quelques mots, oui, parce que nous nous connaissions, mais quelques mots seulement. Il y avait beaucoup à faire et à méditer.

Quelle impression vous a faite son élection?

RATZINGER: J'ai été très heureux. Avoir comme pasteur de l'Église universelle un homme qui avait cette bonté et cette foi lumineuse, c'était la garantie que les choses allaient bien. Il avait été lui-même surpris et il sentait le poids de cette énorme responsabilité. On voyait qu'il souffrait un peu de cette élection à laquelle il ne s'attendait pas. Ce n'était pas un homme qui cherchait à faire carrière, il concevait au contraire les charges qu'il avait eues comme un service et aussi une souffrance.

Quel a été votre dernier entretien avec lui?

RATZINGER: Le jour de son entrée en charge, le 3 septembre. L'archidiocèse de Munich et Freising est jumelé avec les diocèses de l'Équateur. Un Congrès marial national avait été organisé à Guayaquil, au mois de septembre. L'épiscopat local avait demandé que soit nommé un délégué pontifical pour ce Congrès. Jean Paul 1er avait déjà lu la demande et avait décidé de lui donner une réponse positive; ainsi, au cours du traditionnel hommage des cardinaux, nous avons parlé de mon voyage et il a appelé sur moi et sur toute l'Église équatorienne beaucoup de bénédictions.

Êtes-vous allé en Équateur?

RATZINGER: Oui, et c'est justement alors que je me trouvais dans ce pays que m'est arrivée la nouvelle de la mort du Pape. D'une manière un peu étrange. Je dormais à l'évêché de Quito. Je n'avais pas fermé la porte parce qu'à l'évêché je me sens comme dans le sein d'Abraham. Au coeur de la nuit, un rayon lumineux a pénétré dans ma chambre et j'ai vu dans l'encadrement de la porte une personne portant un habit de carme. J'ai été, un peu effrayé par cette lumière et cette personne au vêtement lugubre qui semblait messagère de mauvaises nouvelles.
Je ne savais trop si c'était un rêve ou la réalité. J'ai fini par comprendre qu'il s'agissait d'un évêque auxiliaire de Quito [Alberto Luna Tobar, aujourd'hui archevêque émérite de Cuenca], lequel m'a annoncé que le Pape était mort. Et c'est ainsi que j'ai appris cet événement si triste et imprévu. Malgré cette nouvelle, j'ai réussi à dormir tranquille et, le matin suivant, j'ai célébré la messe avec un missionnaire allemand qui, dans la prière des fidèles, a prié «pour le Pape mort Jean Paul ler». Mon secrétaire laïque, qui assistait aussi à la messe, est venu me trouver et m'a dit consterné que le missionnaire s'était trompé de nom, qu'il aurait dû prier pour Paul VI et non pour Jean Paul 1er. Il n'était pas encore au courant de la mort d'Albino Luciani.


Vous aviez vu le Pape au conclave. Aviez-vous eu l'impression, lorsque vous lui aviez rendu hommage, qu'il risquait de mourir dans le mois suivant?

RATZINGER: Il m'avait semblé en bonne santé. Certes, il ne donnait pas l'impression d'une constitution robuste. Mais il y a tant de gens qui semblent fragiles et qui vivent jusqu'à cent ans. Il me paraissait en bonne santé. Je ne suis pas médecin, mais il me semblait un homme qui, comme moi, ne donne pas l'impression d'avoir une santé très solide. Mais ces gens sont, en fait, ceux dont l'espérance de vie est la plus longue.

Cela a donc été pour vous une mort inattendue?

RATZINGER: Absolument inattendue.

Avez-vous eu quelque doute quand a commencé à circuler le bruit qu'il pouvait s'agir d'une mort violente?

RATZINGER: Non.

L'évêque de Belluno-Feltre, le salésien Vincenzo Savio, a annoncé qu'il avait reçu, le 17 juin dernier, le nulla osta de la Congrégation pour les Causes des Saints pour procéder à la cause de béatification du serviteur de Dieu Albino Luciani. Qu'en pensez-vous?

RATZINGER: Je suis personnellement tout à fait convaincu que c'était un saint. Par sa grande bonté, sa simplicité, son humilité. Et par son grand courage. Car il avait aussi le courage de dire les choses avec une grande clarté, même s'il devait aller contre les idées courantes.. Et aussi pour sa grande culture de foi. Ce n'était pas seulement un simple curé qui était par hasard devenu patriarche. C'était un homme de grande culture théologique, d'un grand sens pastoral et aussi d'une grande expérience pastorale. Ses écrits sur la catéchèse sont précieux. Et son livre Illustrissime est un livre magnifique que j'ai lu tout de suite après son élection. Oui, je suis tout à fait convaincu que c'est un saint.

Bien que vous ne l'ayez pas rencontré plus de trois fois?

RATZINGER: Oui, cela a été suffisant pour que sa figure lumineuse irradie en moi cette conviction.

Lorsque vous vous êtes rencontrés pour le second conclave de 1978, quelle était la sensation dominante dans le Collège cardinalice?

RATZINGER: Après cette mort imprévue, nous étions tous un peu déprimés. Le coup avait été fort. Bien sûr, après la mort de Paul VI, nous avions aussi ressenti de la tristesse. Mais la vie de Paul VI avait été complète, elle avait eu un épilogue naturel. Lui-même attendait la mort, parlait de sa mort. Après un si grand pontificat, il y, avait eu un nouveau début, avec un Pape d'un genre différent, mais en pleine continuité avec le précédent. Mais que la Providence ait dit non à notre élection, cela a vraiment été un coup dur. Bien que l'élection de Jean Paul 1er n'ait pas été une erreur. Ces trente-trois jours de pontificat ont eu une fonction dans l'histoire de l'Église.

Laquelle?

RATZINGER: Il ne s'agit pas seulement d'un témoignage dee bonté et d'une foi joyeuse. Mais cette mort imprévue a aussi ouvert les portes à un choix inattendu. Celui d'un Pape non italien.

Cette hypothèse avait-elle été prise en considération durant le premier conclave de 1978?

RATZINGER: Il en avait été question. Mais ce n'était pas une hypothèse très réelle, ne serait-ce que parce qu'il y avait la belle figure d'Albino Luciani. Après, on a pensé qu'il y avait besoin de quelque chose de totalement nouveau.

[Modificato da beatrice.France 07/12/2005 17.29]

sylvie.france
00mercoledì 7 dicembre 2005 18:22
Jean Paul 1er
Le doux Jean-Paul 1er

Ratzigirl
00mercoledì 14 dicembre 2005 02:37
Message pour la JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX
DANS LA VÉRITÉ, LA PAIX

1. Au commencement de la nouvelle année, par le traditionnel Message pour la Journée mondiale de la Paix, je désire adresser des vœux affectueux à tous les hommes et à toutes les femmes du monde, particulièrement aux personnes qui souffrent en raison de la violence et des conflits armés. Ce sont des vœux pleins d'espérance pour un monde plus serein, où augmentera le nombre des personnes qui, individuellement ou collectivement, s'engageront à parcourir les chemins de la justice et de la paix.

2. Je voudrais d'abord rendre un sincère hommage de gratitude à mes Prédécesseurs, les grands Papes Paul VI et Jean-Paul II, artisans de paix éclairés. Animés de l'esprit des Béatitudes, ils ont su lire dans les nombreux événements de l'histoire qui ont marqué leurs Pontificats respectifs l'intervention providentielle de Dieu, qui n'oublie jamais les destinées du genre humain. À plusieurs reprises, en infatigables messagers de l'Évangile, ils ont invité chaque personne à repartir de Dieu afin de pouvoir promouvoir une cohabitation pacifique dans toutes les régions de la terre. Mon premier Message pour la Journée mondiale de la Paix se situe dans le sillage de ce très noble enseignement: par ce message, je désire encore une fois confirmer la ferme volonté du Saint-Siège de continuer à servir la cause de la paix. Le nom même de Benoît, que j'ai choisi le jour de mon élection au Siège de Pierre, indique mon engagement déterminé en faveur de la paix. J'ai ainsi voulu me référer à la fois au Saint Patron de l'Europe, inspirateur d'une civilisation pacificatrice dans le continent tout entier, et au Pape Benoît XV, qui condamna la Première Guerre mondiale comme « un massacre inutile » (1) et qui a tout mis en œuvre pour que les raisons supérieures de la paix soient reconnues par tous.

3. Le thème de réflexion de cette année — « Dans la vérité, la paix » — exprime la conviction que, là où l'homme se laisse éclairer par la splendeur de la vérité et quand il le fait, il entreprend presque naturellement le chemin de la paix. La Constitution pastorale Gaudium et spes du Concile œcuménique Vatican II, qui s'est achevé il y a 40 ans, affirme que l'humanité ne réussira à « édifier un monde réellement plus humain pour tous les hommes et partout sur terre que si tous se renouvellent intérieurement et se tournent vers la vérité de la paix ».(2) Mais quelle signification doit-on donner à l'expression « vérité de la paix »? Pour répondre de façon juste à cette question, il faut bien avoir en mémoire que la paix ne peut être réduite à une simple absence de conflits armés, mais il faut la comprendre comme « le fruit d'un ordre qui a été implanté dans la société humaine par son divin Fondateur », un ordre « qui doit être mené à la réalisation par des hommes aspirant sans cesse à une justice plus parfaite ».(3) En tant que résultat d'un ordre fixé et voulu par l'amour de Dieu, la paix possède sa vérité intrinsèque et invincible, et elle correspond « à une aspiration profonde et à une espérance qui vivent en nous de manière indestructible ».(4)

4. Définie de cette façon, la paix apparaît comme un don céleste et une grâce divine; à tous les niveaux, elle demande l'exercice de la plus grande responsabilité, à savoir de conformer dans la vérité, dans la justice, dans la liberté et dans l'amour, l'histoire humaine à l'ordre divin. Quand n'existe plus l'adhésion à l'ordre transcendant des choses, ni le respect de la « grammaire » du dialogue qu'est la loi morale universelle, écrite dans le cœur de l'homme,(5) quand sont entravés et empêchés le développement intégral de la personne et la sauvegarde de ses droits fondamentaux, quand de nombreux peuples sont contraints à subir des injustices et des inégalités intolérables, comment peut-on espérer en la réalisation du bien de la paix? En effet, manquent alors les éléments essentiels qui donnent forme à la vérité de ce bien. Saint Augustin a décrit la paix comme « tranquillitas ordinis »,(6) la tranquillité de l'ordre, c'est-à-dire la situation qui permet, en définitive, de respecter et de réaliser pleinement la vérité de l'homme.

5. Et alors, qui peut empêcher la réalisation de la paix et quelle chose peut l'empêcher? À ce propos, dans son premier livre, la Genèse, la Sainte Écriture met en évidence le mensonge, prononcé au commencement de l'histoire par l'être à la langue fourchue, qualifié par l'Évangéliste Jean de « père du mensonge » (Jn 8,44). Le mensonge est aussi un des péchés qu'évoque la Bible dans le dernier chapitre de son dernier Livre, l'Apocalypse, pour parler de l'exclusion des menteurs hors de la Jérusalem céleste: « Dehors ... tous ceux qui aiment et pratiquent le mensonge » (22,15). Au mensonge est lié le drame du péché avec ses conséquences perverses, qui ont causé et qui continuent à causer des effets dévastateurs dans la vie des individus et des nations. Il suffit de penser à ce qui s'est passé au siècle dernier, quand des systèmes idéologiques et politiques aberrants ont mystifié la vérité de façon programmée et ont conduit à l'exploitation et à la suppression d'un nombre impressionnant d'hommes et de femmes, exterminant même des familles et des communautés entières. Comment ne pas rester sérieusement préoccupés, après ces expériences, face aux mensonges de notre temps, qui sont comme le cadre de menaçants scénarios de mort dans de nombreuses régions du monde? La recherche authentique de la paix a son point de départ dans la conscience que le problème de la vérité et du mensonge concerne tout homme et toute femme, et qu'il se révèle décisif pour un avenir pacifique de notre planète.

6. La paix est une aspiration profonde et irrépressible, présente dans le cœur de toute personne, au-delà des identités culturelles spécifiques. C'est précisément pourquoi chacun doit se sentir engagé au service d'un bien si précieux, en travaillant pour qu'aucune forme de fausseté ne s'insinue et ne vienne perturber les relations. Tous les hommes appartiennent à une unique et même famille. La mise en avant exagérée de leurs différences contraste avec cette vérité fondamentale. Il faut retrouver la conscience d'avoir en commun une même destinée, en dernier ressort transcendante, pour pouvoir mettre en valeur au mieux les différences historiques et culturelles, sans s'opposer, mais en se concertant avec les personnes qui appartiennent aux autres cultures. Telles sont les simples vérités qui rendent la paix possible; elles deviennent facilement compréhensibles lorsqu'on écoute son cœur, avec une pureté d'intention. La paix apparaît alors sous un jour nouveau: non comme une simple absence de guerre, mais comme la convivialité des citoyens dans une société gouvernée par la justice, société dans laquelle se réalise aussi le bien pour chacun d'entre eux, autant que faire se peut. La vérité de la paix appelle tous les hommes à entretenir des relations fécondes et sincères; elle les encourage à rechercher et à parcourir les voies du pardon et de la réconciliation, à être transparents dans les discussions et fidèles à la parole donnée. En particulier, le disciple du Christ qui se sent assailli par le mal et qui de ce fait a besoin de l'intervention libératrice du divin Maître se tourne vers Lui avec confiance, sachant bien que ce dernier « n'a pas commis le péché; que dans sa bouche on n'a pu trouver de mensonge » (1 P 2,22; cf. Is 53, 9). En effet, Jésus s'est défini comme la Vérité en personne et, parlant dans une vision au voyant de l'Apocalypse, il a déclaré sa totale aversion pour « tous ceux qui aiment et pratiquent le mensonge » (Ap 22, 15). C'est Lui qui révèle la pleine vérité de l'homme et de l'histoire. C'est par la force de sa grâce qu'il est possible d'être dans la vérité et de vivre de la vérité, parce que Lui seul est totalement sincère et fidèle. Jésus est la vérité qui nous donne la paix.

7. La vérité de la paix doit avoir valeur en soi et faire valoir son reflet de lumière bénéfique même quand on se trouve dans la tragique situation de la guerre. Dans la Constitution pastorale Gaudium et spes, les Pères du Concile œcuménique Vatican II soulignent que « ce n'est pas parce qu'une guerre a malheureusement éclaté que du fait même tout devient licite entre parties adverses ».(7) La Communauté internationale s'est dotée d'un droit humanitaire international pour limiter au maximum, surtout pour les populations civiles, les conséquences dévastatrices de la guerre. En de multiples circonstances et de différentes manières, le Saint-Siège a exprimé son soutien à ce droit humanitaire, encourageant son respect et sa prompte mise en œuvre, convaincu que la vérité de la paix existe aussi dans la guerre. Le droit humanitaire international est à mettre au compte des expressions les plus heureuses et les plus efficaces des exigences qui émanent de la vérité de la paix. C'est justement pourquoi le respect de ce droit s'impose comme un devoir pour tous les peuples. Sa valeur doit être appréciée et il faut en garantir l'application correcte, en le renouvelant par des normes ponctuelles, capables de faire face aux scénarios changeants des conflits armés d'aujourd'hui, ainsi qu'à l'utilisation d'armements toujours nouveaux et plus sophistiqués.

8. Ma pensée reconnaissante va aux Organisations internationales et à toutes les personnes qui, par un effort permanent, travaillent à l'application du droit humanitaire international. Comment pourrais-je oublier ici les nombreux soldats engagés dans de délicates opérations de règlement des conflits et de rétablissement des conditions nécessaires à la réalisation de la paix? À eux aussi je désire rappeler les paroles du Concile Vatican II: « Ceux qui se vouent au service de la patrie et qui sont incorporés dans l'armée se considéreront eux aussi comme serviteurs de la sécurité et de la liberté des peuples, et, en s'acquittant correctement de cette tâche, ils contribuent vraiment à la consolidation de la paix ».(8) C'est dans ce domaine exigeant que se situe l'action pastorale des Ordinaires militaires de l'Église catholique: mes encouragements à demeurer, en toutes situations et en tous milieux, de fidèles évangélisateurs de la vérité de la paix vont aux Ordinaires militaires ainsi qu'aux aumôniers militaires.

9. Au jour d'aujourd'hui, la vérité de la paix continue d'être compromise et niée de façon dramatique par le terrorisme qui, par ses menaces et ses actes criminels, est en mesure de tenir le monde dans un état d'angoisse et d'insécurité. Mes Prédécesseurs Paul VI et Jean-Paul II sont intervenus à plusieurs reprises pour dénoncer la terrible responsabilité des terroristes et pour condamner l'absurdité de leurs desseins de mort. Ces desseins, en effet, se révèlent être inspirés d'un nihilisme tragique et bouleversant que le Pape Jean- Paul II décrivait ainsi: « Celui qui tue par des actes terroristes nourrit des sentiments de mépris envers l'humanité, faisant preuve de désespérance face à la vie et à l'avenir: dans cette perspective, tout peut être haï et détruit ».(9) Non seulement le nihilisme, mais aussi le fanatisme religieux, souvent appelé aujourd'hui fondamentalisme, peuvent inspirer et alimenter des propos et des gestes terroristes. Pressentant depuis le commencement le danger explosif que le fondamentalisme fanatique représente, le Pape Jean-Paul II l'a durement stigmatisé, mettant en garde contre la prétention d'imposer par la violence, plutôt que de proposer à la libre décision d'autrui, ses convictions concernant la vérité. Il écrivait: « Prétendre imposer à d'autres par la violence ce que l'on considère comme la vérité signifie violer la dignité de l'être humain et, en définitive, outrager Dieu dont il est l'image ».(10)

10. À tout bien considérer, le nihilisme et le fondamentalisme ont un rapport erroné à la vérité: les nihilistes nient l'existence de toute vérité, les fondamentalistes ont la prétention de pouvoir l'imposer par la force. Tout en ayant des origines différentes et tout en étant des manifestations qui s'inscrivent dans des contextes culturels divers, le nihilisme et le fondamentalisme ont en commun un dangereux mépris pour l'homme et pour sa vie, et, en dernière analyse, pour Dieu lui-même. En effet, à la base de cette tragique issue commune il y a, en définitive, l'altération de la pleine vérité de Dieu: le nihilisme en nie l'existence et la présence providentielle dans l'histoire; le fondamentalisme fanatique en défigure le visage aimant et miséricordieux, Lui substituant des idoles faites à son image. Dans l'analyse des causes du phénomène contemporain du terrorisme, il est souhaitable que, en plus des raisons à caractère politique et social, on ait aussi présent à l'esprit ses plus profondes motivations culturelles, religieuses et idéologiques.

11. Devant les risques que l'humanité vit à notre époque, il est du devoir de tous les catholiques d'intensifier, dans toutes les parties du monde, l'annonce et le témoignage de « l'Évangile de la paix », proclamant que la reconnaissance de la pleine vérité de Dieu est la condition préalable et indispensable pour la consolidation de la vérité de la paix. Dieu est Amour qui sauve, Père aimant qui désire voir ses enfants se reconnaître entre eux comme des frères cherchant de manière responsable à mettre leurs différents talents au service du bien commun de la famille humaine. Dieu est source inépuisable de l'espérance qui donne sens à la vie personnelle et collective. Dieu, Dieu seul, rend efficace toute œuvre de bien et de paix. L'histoire a amplement démontré que faire la guerre à Dieu pour l'extirper du cœur des hommes conduit l'humanité, effrayée et appauvrie, vers des choix qui n'ont pas d'avenir. Cela doit encourager les croyants à se faire les témoins convaincus de Dieu, qui est inséparablement vérité et amour, en se mettant au service de la paix, dans une large collaboration œcuménique, ainsi qu'avec les autres religions et avec tous les hommes de bonne volonté.

12. Regardant le contexte mondial actuel, nous pouvons enregistrer avec plaisir quelques signes prometteurs sur le chemin de la construction de la paix. Je pense, par exemple, à la diminution numérique des conflits armés. Il s'agit certainement de pas encore très timides sur le sentier de la paix, mais déjà en mesure d'annoncer un avenir de plus grande sérénité, en particulier pour les populations martyrisées de la Palestine, la Terre de Jésus, et pour les habitants de certaines régions d'Afrique et d'Asie qui attendent depuis des années la conclusion positive des processus de pacification et de réconciliation en cours. Ce sont des signes réconfortants qui demandent à être confirmés et consolidés par une action unanime et infatigable, surtout de la part de la Communauté internationale et de ses Organismes, qui ont pour mission de prévenir les conflits et d'apporter une solution pacifique à ceux qui sont en cours.

13. Tout cela ne doit cependant pas inciter à un optimisme naïf. On ne peut, en effet, oublier que, malheureusement, se poursuivent encore de sanglants conflits fratricides et des guerres dévastatrices, qui sèment larmes et mort en de larges zones de la terre. Il y a des situations dans lesquelles le conflit, qui couve comme un feu sous la cendre, peut de nouveau éclater, causant des destructions d'une ampleur imprévisible. Les autorités qui, au lieu de mettre à exécution ce qui est en leur pouvoir pour promouvoir efficacement la paix, fomentent chez les citoyens des sentiments d'hostilité envers les autres nations se chargent d'une très grave responsabilité: elles mettent en danger, dans des régions particulièrement à risque, les équilibres délicats atteints au prix de difficiles négociations, contribuant ainsi à rendre l'avenir de l'humanité plus dépourvu de sécurité et plus confus. Que dire ensuite des gouvernements qui comptent sur les armes nucléaires pour garantir la sécurité de leurs pays? Avec d'innombrables personnes de bonne volonté, on peut affirmer que cette perspective, hormis le fait qu'elle est funeste, est tout à fait fallacieuse. En effet, dans une guerre nucléaire il n'y aurait pas des vainqueurs, mais seulement des victimes. La vérité de la paix demande que tous — aussi bien les gouvernements qui, de manière déclarée ou occulte, possèdent des armes nucléaires depuis longtemps, que ceux qui entendent se les procurer — changent conjointement de cap par des choix clairs et fermes, s'orientant vers un désarmement nucléaire progressif et concordé. Les ressources ainsi épargnées pourront être employées en projets de développement au profit de tous les habitants et, en premier lieu, des plus pauvres.

14. À ce sujet, on ne peut pas ne pas enregistrer avec regret les données concernant une augmentation préoccupante des dépenses militaires et du commerce des armes toujours prospère, tandis que stagne dans le marécage d'une indifférence quasi générale le processus politique et juridique mis en œuvre par la Communauté internationale pour renforcer le chemin du désarmement. Quel avenir de paix sera un jour possible si on continue à investir dans la production des armes et dans la recherche employée à en développer de nouvelles? Le souhait qui monte du plus profond du cœur est que la Communauté internationale sache retrouver le courage et la sagesse de relancer résolument et collectivement le désarmement, donnant une application concrète au droit à la paix, qui est pour tout homme et pour tout peuple. En s'engageant à sauvegarder le bien de la paix, les divers Organismes de la Communauté internationale pourront retrouver l'autorité qui est indispensable pour rendre leurs initiatives crédibles et incisives.

15. Les premiers à tirer profit d'un choix résolu pour le désarmement seront les pays pauvres, qui réclament non sans raison, après bien des promesses, la réalisation concrète du droit au développement. Un tel droit a aussi été solennellement réaffirmé dans la récente Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies, qui a célébré cette année le soixantième anniversaire de sa fondation. Confirmant sa confiance dans cette Organisation internationale, l'Église catholique en souhaite le renouvellement institutionnel et opérationnel, afin qu'elle soit en mesure de répondre aux nouvelles exigences de l'époque actuelle, marquée par le vaste phénomène de la mondialisation. L'Organisation des Nations unies doit devenir un instrument toujours plus efficace pour promouvoir dans le monde les valeurs de justice, de solidarité et de paix. Pour sa part, l'Église, fidèle à la mission reçue de son Fondateur, ne se lasse pas de proclamer partout « l'Évangile de la paix ». Animée comme elle l'est par la ferme conviction de rendre un service indispensable à tous ceux qui se consacrent à promouvoir la paix, elle rappelle à tous que, pour être authentique et durable, la paix doit être construite sur le roc de la vérité de Dieu et de la vérité de l'homme. Seule cette vérité peut sensibiliser les esprits à la justice, les ouvrir à l'amour et à la solidarité, encourager tous les hommes à travailler pour une humanité réellement libre et solidaire. Oui, le fondement d'une paix authentique s'appuie seulement sur la vérité de Dieu et de l'homme.

16. En conclusion de ce message, je voudrais maintenant m'adresser particulièrement à ceux qui croient au Christ, pour leur renouveler l'invitation à se faire des disciples du Seigneur attentifs et disponibles. En écoutant l'Évangile, chers frères et sœurs, nous apprenons à fonder la paix sur la vérité d'une existence quotidienne inspirée par le commandement de l'amour. Il est nécessaire que chaque communauté s'engage dans une action intense et capillaire d'éducation et de témoignage qui fasse grandir en chacun la conscience de l'urgence de découvrir toujours plus profondément la vérité de la paix. Je demande en même temps que l'on intensifie la prière, parce que la paix est d'abord un don de Dieu à implorer sans cesse. Grâce à l'aide divine, l'annonce et le témoignage de la vérité de la paix en sortiront certainement plus convaincants et plus éclairants. Avec confiance et abandon filial, tournons notre regard vers Marie, la Mère du Prince de la Paix. Au commencement de cette nouvelle année, demandons- lui d'aider l'ensemble du Peuple de Dieu à être, en toute circonstance, artisan de paix, se laissant éclairer par la Vérité qui rend libre (cf. Jn 8,32). Par son intercession, puisse l'humanité apprécier de manière croissante ce bien fondamental et s'engager à en consolider la réalité dans le monde, pour remettre aux générations qui viendront un avenir plus serein et plus sûr!

Du Vatican, le 8 décembre 2005.


BENEDICTUS PP. XVI


Ratzigirl
00domenica 25 dicembre 2005 11:43
Noel 2005 Basilique de San Pierre
Les mots du Pape, la nuit de Noel :


«Le Seigneur m’a dit: "Tu es mon fils; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré"». Par ces paroles du psaume 2, l’Église commence la Messe de la veillée de Noël, dans laquelle nous célébrons la naissance de notre Rédempteur Jésus Christ, dans l’étable de Bethléem. Autrefois, ce psaume appartenait au rituel du couronnement du roi de Juda. Le peuple d’Israël, en raison de son élection, se sentait de façon particulière fils de Dieu, adopté par Dieu. Comme le roi était la personnification de ce peuple, son intronisation était vécue comme un acte solennel d’adoption de la part de Dieu, dans lequel le roi était, en quelque sorte, introduit dans le mystère même de Dieu. Dans la nuit de Bethléem, ces paroles, qui étaient en fait plutôt l’expression d’une espérance qu’une réalité présente, ont pris un sens nouveau et inattendu. L’Enfant dans la crèche est vraiment le Fils de Dieu. Dieu n’est pas solitude éternelle, mais cercle d’amour où il se donne et se redonne dans la réciprocité. Il est Père, Fils et Esprit Saint.

Plus encore: en Jésus Christ, le Fils de Dieu, Dieu lui-même s’est fait homme. C’est à Lui que le Père dit: «Tu es mon fils». L’aujourd’hui éternel de Dieu est descendu dans l’aujourd’hui éphémère du monde et il entraîne notre aujourd’hui passager dans l’aujourd’hui éternel de Dieu. Dieu est si grand qu’il peut se faire petit. Dieu est si puissant qu’il peut se faire faible et venir à notre rencontre comme un enfant sans défense, afin que nous puissions l’aimer. Dieu est bon au point de renoncer à sa splendeur divine et descendre dans l’étable, afin que nous puissions le trouver et pour que, ainsi, sa bonté nous touche aussi, qu’elle se communique à nous et continue à agir par notre intermédiaire. C’est cela Noël: «Tu es mon fils; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré». Dieu est devenu l’un de nous, afin que nous puissions être avec Lui, devenir semblables à Lui. Il a choisi comme signe l’Enfant dans la crèche: Il est ainsi. De cette façon nous apprenons à le connaître. Et sur chaque enfant resplendit quelque chose du rayon de cet aujourd’hui, de la proximité de Dieu que nous devons aimer et à laquelle nous devons nous soumettre – sur chaque enfant, même sur celui qui n’est pas encore né.

Écoutons une deuxième parole de la liturgie de cette sainte Nuit, cette fois tirée du Livre du prophète Isaïe: «Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi» (9, 1). Le mot «lumière» pénètre toute la liturgie de cette Messe. Elle est mentionnée de nouveau dans le passage tiré de la lettre de saint Paul à Tite: «La grâce de Dieu est apparue» (2, 11). L’expression «est apparue» (est manifestée) appartient au langage grec et, dans ce contexte, dit la même chose que ce que l’hébreu exprime par les mots «une lumière resplendit»: l’«apparition» – l’«épiphanie» – est l’irruption de la lumière divine dans le monde plein d’obscurité et plein de problèmes irrésolus. Enfin, l’Évangile nous rapporte que la gloire de Dieu apparut aux bergers et «les enveloppa de lumière» (Lc 2, 9). Là où paraît la gloire de Dieu, là se répand, dans le monde, la lumière. «Dieu est lumière, il n’y a pas de ténèbres en lui», dit saint Jean (1 Jn 1, 5). La lumière est source de vie.

Mais lumière signifie surtout connaissance, vérité en opposition à l’obscurité du mensonge et de l’ignorance. Ainsi, la lumière nous fait vivre, nous indique la route. Mais ensuite, la lumière, parce qu’elle donne de la chaleur, signifie aussi amour. Là où il y a de l’amour, apparaît une lumière dans le monde; là où il y a de la haine le monde est dans l’obscurité. Oui, dans l’étable de Bethléem est apparue la grande lumière que le monde attend. Dans cet Enfant couché dans l’étable, Dieu montre sa gloire – la gloire de l’amour, qui se fait don lui-même et qui se prive de toute grandeur pour nous conduire sur le chemin de l’amour. La lumière de Bethléem ne s’est plus jamais éteinte. Tout au long des siècles, elle a touché des hommes et des femmes, «elle les a enveloppés de lumière». Là où a surgi la foi en cet Enfant, là aussi a jailli la charité – la bonté envers les autres, l’attention empressée pour ceux qui sont faibles et pour ceux qui souffrent, la grâce du pardon. À partir de Bethléem, un sillage de lumière, d’amour, de vérité, envahit les siècles. Si nous regardons les saints – de Paul et Augustin, jusqu’à saint François et saint Dominique, de François-Xavier et Thérèse d’Avila à Mère Teresa de Calcutta – nous voyons ce courant de bonté, ce chemin de lumière qui, toujours de nouveau, s’enflamme au mystère de Bethléem, à ce Dieu qui s’est fait Enfant. Dans cet Enfant, Dieu oppose sa bonté à la violence de ce monde et il nous appelle à suivre l’Enfant.

Avec l’arbre de Noël, nos amis autrichiens nous ont apporté aussi une petite flamme qu’ils avaient allumée à Bethléem, pour nous dire: le vrai mystère de Noël est la splendeur intérieure qui vient de cet Enfant. Laissons cette splendeur intérieure se communiquer à nous, allumer dans notre cœur la petite flamme de la bonté de Dieu; par notre amour, portons tous la lumière dans le monde! Ne permettons pas que cette flamme de lumière soit éteinte par les courants froids de notre temps! Gardons-la fidèlement et faisons-en don aux autres! En cette nuit, dans laquelle nous regardons vers Bethléem, nous voulons aussi prier de façon spéciale pour le lieu de la naissance de notre Rédempteur et pour les hommes qui y vivent et qui y souffrent. Nous voulons prier pour la paix en Terre Sainte: Regarde, Seigneur, cette région de la terre qui, étant ta patrie, t’est si chère! Fais que ta lumière y brille! Fais que la paix y advienne!

Avec le terme «paix», nous sommes arrivés à la troisième parole-guide de la liturgie de cette sainte Nuit. L’Enfant qu’Isaïe annonce est appelé par lui «Prince de la paix». On dit de son règne: «La paix n’aura pas de fin». Aux bergers sont annoncées dans l’Évangile la «gloire de Dieu au plus haut des cieux» et «la paix sur terre...». Autrefois on lisait: «...aux hommes de bonne volonté»; dans la nouvelle traduction, on dit: «...aux hommes, qu’il aime». Que signifie ce changement? La bonne volonté ne compte-t-elle plus? Posons mieux la question: qui sont les hommes que Dieu aime et pourquoi les aime-t-il? Dieu est-il partial? Aime-t-il seulement des personnes déterminées et abandonne-t-il les autres à elles-mêmes? L’Évangile répond à ces questions en nous présentant quelques personnes particulières aimées de Dieu. Ce sont des personnes précises – Marie, Joseph, Élisabeth, Zacharie, Siméon, Anne, etc. Mais il y a aussi deux groupes de personnes: les bergers et les sages de l’Orient, ceux qu’on appelle les rois mages. Arrêtons-nous en cette nuit sur les bergers. Quelle sorte d’hommes sont-ils? Dans leurs milieux, les bergers étaient méprisés; ils étaient considérés comme peu fiables et, au tribunal, ils n’étaient pas admis comme témoins. Mais qui étaient-ils en réalité? Ils n’étaient certainement pas de grands saints, si par ce terme nous entendons des personnes de vertu héroïque. C’étaient des âmes simples. L’Évangile met en lumière une caractéristique qui, par la suite, dans les paroles de Jésus, aura un rôle important: c’étaient des veilleurs. Cela vaut avant tout dans le sens extérieur: de nuit, ils veillaient auprès de leurs moutons. Mais cela vaut aussi dans un sens plus profond: ils étaient disponibles à la parole de Dieu. Leur vie n’était pas fermée sur elle-même; leur cœur était ouvert. D’une certaine façon, au plus profond, ils L’attendaient. Leur vigilance était disponibilité – disponibilité à écouter, disponibilité à se mettre en route; elle était une attente de la lumière qui leur indiquerait le chemin. C’est cela qui intéresse Dieu. Dieu aime tous les hommes parce que tous sont ses créatures. Mais certaines personnes ont fermé leur âme; son amour ne trouve aucun accès auprès d’eux. Ils croient qu’ils n’ont pas besoin de Dieu; ils ne le veulent pas. D’autres, qui peut-être moralement sont aussi pauvres et pécheurs, souffrent au moins de cela. Ils attendent Dieu. Ils savent qu’ils ont besoin de sa bonté, même s’ils n’en ont pas une idée précise. Dans leur cœur ouvert à l’attente, la lumière de Dieu peut entrer et, avec elle, sa paix. Dieu cherche des personnes qui apportent sa paix et qui la communiquent. Demandons-lui de faire en sorte qu’il ne trouve pas notre cœur fermé. Faisons en sorte de pouvoir devenir des porteurs actifs de sa paix – précisément dans notre temps.

Chez les chrétiens, le mot paix a pris ensuite une signification toute spéciale: elle est devenue un nom pour désigner l’Eucharistie. En elle, la paix du Christ est présente. Grâce à tous les lieux où se célèbre l’Eucharistie, un réseau de paix s’étend sur le monde entier. Les communautés rassemblées autour de l’Eucharistie constituent un règne de paix, vaste comme le monde. Quand nous célébrons l’Eucharistie, nous nous trouvons à Bethléem, dans la «maison du pain». Le Christ se donne à nous et nous donne avec cela sa paix. Il nous la donne pour que nous portions la lumière de la paix au plus profond de nous-mêmes et que nous la communiquions aux autres; pour que nous devenions des artisans de paix et que nous contribuions ainsi à la paix dans le monde. Prions donc: Seigneur, réalise ta promesse! Fais que là où se trouve la discorde naisse la paix! Fais que là où règne la haine jaillisse l’amour! Fais que là où dominent les ténèbres surgisse la lumière! Fais-nous devenir des porteurs de ta paix! Amen.
TERESA BENEDETTA
00domenica 25 dicembre 2005 20:10
MESSAGE DE NOEL 2005 'URBI ET ORBI'

[Traduction officiel du Bureau de la Presse, Vaticane]

«Je vous annonce une grande joie... aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur» (Lc 2, 10-11). Cette nuit, nous avons écouté à nouveau les paroles de l’Ange aux bergers, et nous avons revécu le climat de cette sainte Nuit, la Nuit de Bethléem, lorsque le Fils de Dieu s’est fait homme et que, naissant dans une pauvre grotte, il a établi sa demeure parmi nous.

En ce jour solennel, retentit l’annonce de l’Ange et pour nous aussi, hommes et femmes du troisième millénaire, c’est une invitation à accueillir le Sauveur. Que l’humanité d’aujourd’hui n’hésite pas à le faire entrer dans ses maisons, dans ses villes, dans ses nations et en tout point de la terre! Il est vrai, qu’au cours du millénaire qui s’est achevé il y a peu, et spécialement pendant les derniers siècles, les progrès accomplis dans le domaine technique et scientifique ont été nombreux; les ressources matérielles dont nous pouvons disposer aujourd’hui sont importantes. L’homme de l’ère technologique risque cependant d’être victime des succès mêmes de son intelligence et des résultats de ses capacités d’action s’il se laisse prendre par une atrophie spirituelle, par un vide du cœur. C’est pourquoi il est important qu’il ouvre son esprit et son cœur à la Naissance du Christ, événement de salut capable d’imprimer une espérance renouvelée dans l’existence de tout être humain.

«Homme, éveille-toi: pour toi, Dieu s’est fait homme» (saint Augustin, Discours, 185). Éveille-toi, homme du troisième millénaire! À Noël, le Tout-Puissant s’est fait petit enfant et il demande aide et protection; sa façon d’être Dieu provoque notre façon d’être hommes; le fait qu’il frappe à nos portes nous interpelle, interpelle notre liberté et nous demande de revoir notre rapport à la vie et notre façon de l’envisager. L’époque moderne est souvent présentée comme une période de réveil du sommeil de la raison, comme la venue de l’humanité à la lumière, émergeant ainsi d’une période obscure. Néanmoins, sans le Christ, la lumière de la raison ne suffit pas à éclairer l’homme et le monde. C’est pourquoi la parole évangélique du jour de Noël – «La lumière véritable qui éclaire tout homme en venant dans le monde» (Jn 1, 9) – retentit plus que jamais comme une annonce du salut pour tous. «Le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné» (const. Gaudium et spes, n. 22). L’Église répète sans se lasser ce message d’espérance repris par le Concile Vatican II, qui s’est achevé il y a exactement quarante ans.

Homme moderne, adulte pourtant parfois faible dans sa pensée et dans sa volonté, laisse-toi prendre par la main par l’Enfant de Bethléem; ne crains pas, aie confiance en Lui! La force vivifiante de sa lumière t’encourage à t’engager dans l’édification d’un nouvel ordre mondial, fondé sur de justes relations éthiques et économiques. Que son amour guide les peuples et éclaire leur conscience commune d’être une «famille» appelée à construire des relations de confiance et de soutien mutuel. L’humanité unie pourra affronter les problèmes nombreux et préoccupants du moment présent: de la menace terroriste aux conditions d’humiliante pauvreté dans laquelle vivent des millions d’êtres humains, de la prolifération des armes aux pandémies et à la dégradation de l’environnement qui menace l’avenir de la planète.

Le Dieu qui s’est fait homme par amour de l’homme soutient ceux qui, en Afrique, agissent en faveur de la paix et du développement intégral, s’opposant aux luttes fratricides, pour que se consolident les transitions politiques actuelles encore fragiles et que soient sauvegardés les droits les plus élémentaires de ceux qui se trouvent dans de tragiques situations humanitaires, comme au Darfour et en d’autres régions de l’Afrique centrale. Qu’Il incite les peuples latino-américains à vivre dans la paix et la concorde. Qu’Il donne courage aux hommes de bonne volonté qui agissent en Terre Sainte, en Iraq, au Liban, où les signes d’espérance qui, s’ils ne manquent pas, attendent d’être confirmés par des comportements inspirés par la loyauté et la sagesse; qu’Il favorise les processus de dialogue dans la Péninsule coréenne et dans d’autres Pays d’Asie, pour que, les dangereuses divergences étant surmontées, on parvienne, dans un esprit amical, à des solutions de paix cohérentes, ce qui est tant attendu de ces populations.

À Noël, notre esprit s’ouvre à l’espérance en contemplant la gloire divine cachée dans la pauvreté d’un Enfant enveloppé de langes et déposé dans une mangeoire : c’est le Créateur de l’univers réduit à l’impuissance d’un nouveau-né. Accepter un tel paradoxe, le paradoxe de Noël, c’est découvrir la Vérité qui rend libres, l’Amour qui transforme l’existence. Dans la Nuit de Bethléem, le Rédempteur se fait l’un de nous, pour être notre compagnon sur les routes de l’histoire semées d’embûches. Accueillons la main qu’il nous tend: c’est une main qui ne veut rien nous enlever, mais seulement donner.

Avec les bergers, entrons dans la grotte de Bethléem sous le regard aimant de Marie, témoin silencieux de cette prodigieuse naissance. Qu’elle nous aide à vivre un bon Noël; qu’elle nous apprenne à conserver dans notre cœur le mystère de Dieu qui, pour nous, s’est fait homme; qu’elle nous conduise à être dans le monde des témoins de sa vérité, de son amour, de sa paix.

[01689-03.01] [Texte original: Italien]


beatrice.France
00domenica 25 dicembre 2005 20:42
Benoît XVI remercie les artisans qui ont rénové ses appartements
ROME, Vendredi 23 décembre 2005 (ZENIT.org)

Benoît XVI fait l’éloge de la « noblesse » et la « grandeur » du travail manuel

L’appartement pontifical a été rénové en trois mois : le pape a remercié les quelque 200 employés qui ont accompli ce travail, en les recevant vendredi matin en la salle Clémentine du Palais apostolique, en soulignant la « noblesse » et la « grandeur » de leur travail.

Le pape s’est adressé au personnel en improvisant avec spontanéité et chaleur, puis il a évoqué la figure de l’artisan dans la Bible.

« En moins de trois mois, disait-il, vous avez fait un travail immense pour rénover mon appartement. Ma nouvelle bibliothèque me plaît particulièrement avec le beau plafond ancien. Maintenant les étages et mes livres sont arrivés ».

« Cela m’a fait venir à l’esprit, ajoutait le pape, que dans le Nouveau Testament, la profession de Notre Seigneur Jésus, avant sa mission publique, est désignée par le mot « tecton », que nous traduisons habituellement par « charpentier » mais c’est quelque chose de plus que charpentier : cela désigne un « artisan » qui doit pouvoir faire tout ce qui est nécessaire pour la construction d’une maison.

« Dans ce sens, continuait le pape, vous êtes ainsi des « collègues » de Notre Seigneur. Vous avez justement réalisé ce qu’il avait fait en voulant ainsi montrer la noblesse de ce travail ».

Le pape expliquait la noblesse du travail manuel avec les deux exemple de Jésus de Nazareth et du Créateur.

« Dans le monde grec, faisait observer le pape, seul le travail intellectuel était considéré comme digne d’un homme libre, alors que le travail annuel était laissé aux esclaves ».

Il faisait cependant remarquer que « la conception biblique est complètement différente : le Créateur - c’est une belle image - a fait l’homme de ses mains ».

« Le Créateur, soulignait Benoît XVI, apparaît justement comme l’exemple de l’homme qui travaille de ses mains et qui, en travaillant avec son cerveau et son cœur imite le Créateur afin que ce monde, qui nous a été donné par le Créateur, soit un monde habitable ».
« On le voit dans la narration biblique dès le début. Mais finalement, de façon forte, dans le fait que Jésus était « tecton », « artisan », « travailleur », apparaît la noblesse et la grandeur de ce travail ».

Le pape ajoutait cette note personnelle : « Maintenant, à la veille de la fête de Noël, c’est le moment de dire « merci » pour tout cela, pour votre travail qui m’encourage - puisque vous vous êtes donnés à fond - à me donner à fond autant que je peux moi aussi, en cette heure tardive de ma vie ».



beatrice.France
00giovedì 29 dicembre 2005 17:25
Discours "a braccio"
L'italien a une expression charmante pour désigner l'improvisation: "a braccio".
Je n'aime rien tant que les discours de Benoît "a braccio". ...
Ce n'est plus le théologien érudit, qui s'y révèle, mais l'homme, dans toute sa gentillesse, sa chaleur et sa modestie.
Avec une simplicité touchante, il se laisse même aller aux confidences personnelles.
Et avec délicatesse, il se préoccupe, pour son auditoire, des plus petites choses de la vie de tous les jours (voir son discours aux enfants du choeur de la Chapelle Sixtine).

Le professeur de théologie n'est jamais très loin, mais, s'il ne résiste pas au plaisir de nous livrer une cathéchèse, il le fait de façon vivante, légère et informelle.
J'aime particulièrement sa méditation sur la beauté du travail manuel (déjà évoquée ci-dessus) et ce qu'il dit du "Créateur -qui, selon une belle image, a fait l'homme de ses mains".
La première fois que je l'ai entendu s'exprimer "a braccio", ce fut le 15 octobre dernier, devant les enfants de Rome: un moment de grâce absolu.
Quand il ne réfléchit pas, il est encore plus sublime.

J'ai donc pris un grand plaisir à traduire ces dicours improvisés, qui sont autant de cadeaux inattendus faits par notre Pape bien-aimé, dans une belle langue accessible et limpide dont beaucoup d'intellectuels devraient s'inspirer...


Homélie du 18 décembre à Sainte Marie-Consolatrice

Cari fratelli e sorelle (je ne traduis pas, tout le monde connaît!!!)

C'est pour moi réellement une grande joie d'être parmi vous en cette mattinée, et de célébrer avec vous et pour vous la Sainte Messe.
Cette visite à Sainte Marie-Consolatrice, première paroisse romaine dans laquelle je me rends depuis que le Seigneur a voulu m'appeler pour être l'évêque de Rome, est en fait pour moi, de manière très réelle et concrète, un retour à la maison.
Je me souviens très bien de ce 15 octobre 1977, quand je pris possession de cette église dont j'étais titulaire. Le curé était Don Ennio Appignanesi, les vicaires étaient Don Enrico Pomili et Don Franco Camaldo. Le cérémoniaire qui m'avait été adjoint était Mgr Piero Marini. Et nous voilà de nouveau tous réunis! Pour moi, c'est réellement une grande joie!

Depuis ce temps, jusqu'à ces derniers mois, notre lien est devenu progressivement plus fort.
Un lien dans le Seigneur Jésus-Christ, dont j'ai tant de fois dans cette église célébré le sacrifice Eucharistique et administré les sacrements.
Un lien d'affection et d'amitié qui m'a réellement réchauffé le coeur, et le réchauffe encore aujourd'hui.
Un lien qui m'a uni à vous tous, en particulier à votre curé et aux autres prêtres de la paroisse.
C'est un lien qui ne s'est pas relâché quand je suis devenu cardinal titulaire du diocèse de Velletri et Segni. Un lien qui a acquis une autre dimension, plus profonde, depuis que je suis désormais évêque de Rome, et votre évêque.

Je suis en outre particulièrement heureux que ma visite d'aujourd'hui -comme l'a souligné Don Enrico- s'accomplisse l'année où l'on célèbre le 60ème anniversaire de la construction de votre paroisse, et le 50ème anniversaire de l'ordination sacerdotale de notre très cher curé, Mgr Enrico Pomili, et finalement les 25 ans d'épiscopat de Mgr Ennio Appignanesi. Une année, donc, où nous avons des raisons particulières de rendre grâce au Seigneur.

Je salue à présent avec affection Mgr Enrico, et je le remercie pour les mots si gentils qu'il m'a adressés. Je salue le cardinal vicaire Camillo Ruini, le Cardinal Ricardo Maria Carles Gordo, titulaire de cette paroisse, et donc mon successeur à ce titre, le cardinal Giovanni Canestri, qui fut votre curé très aimé, ....
Un salut affectueux à vos actuels vicaires, et aux religieuses de Sainte-Marie Consolatrice, présentes à Casalbertone depuis 1932, précieuses collaboratrices de la paroisse, et vraies dispensatrices de miséricorde et de consolation dans ce quartier, en particulier pour les pauvres et pour les enfants.
Et c'est avec les mêmes sentiments que je salue chacun de vous, toutes les familles, et tous ceux qui, d'une façon ou d'une autre se dévouent au service de la paroisse.




Discours aux agents du Vatican, qui ont collaboré à la restructuration de l'appartement pontifical, 23/12/05

Chers collaborateurs et collaboratrices

Malheureusement, les nombreux engagements de ces derniers jours ne m'ont pas permis de préparer un discours digne du travail que vous avez effectué. Je m'en excuse. Je peux seulement parler , comme on dit, "a braccio". Mais les mots viennent vraiment du coeur.

Je n'ai pas beaucoup de choses à dire. Seulement un mot. Mais ce mot, avec toute la force de ma conviction, est un "merci" qui vient du plus profond de mon coeur. En moins de trois mois, vous avez fait un travail immense pour restaurer mon appartement.
Je suis convaincu -parce qu'en Allemagne, j'ai fait construire une petite maison pour moi- que, partout ailleurs, un tel travail aurait duré une année, et même plus. Ainsi, j'ai vu avec quel dévouement vous avez travaillé, avec quelle compétence, et avec une collaboration entre les différents services techniques que je ne peux qu'admirer, et qui, pour moi, est la preuve d'un engagement intérieur à bien servir le Saint-Siège et le Successeur de Pierre.
Ainsi, vous avez vraiment donné l'exemple d'un travail responsable. Je peux seulement admirer les choses que vous avez faites, comme ces beaux dallages. Et puis, j'aime particulièrement ma nouvelle bibliothèque, avec ce plafond ancien.
Pour moi, c'est comme être entouré d'amis, maintenant que l'on a mis en place les étagères avec les livres. Et puis, le cabinet médical, et toutes les autres choses que je ne puis à présent énumérer. Mais j'ai vu, même si j'ai peu de compétence en la matière, qu'en trois mois, vous avez travaillé, je dirais jour et nuit, avec un incroyable dévouement. Je peux seulement vous assurer de ma profonde gratitude et de ma prière.

Il m'est venu à l'esprit que, dans le Nouveau Testament, comme profession du Seigneur Jésus avant sa mission publique, il apparaît le mot "tecton", que nous traduisons d'habitude par "charpentier", parce qu'à l'époque, les maisons étaient habituellement construites en bois.
Mais plus qu'un "charpentier", c'est un "artisan", qui doit pouvoir faire tout ce qui est nécessaire pour la construction d'une maison. Ainsi, en un certain sens, vous êtes des "collègues" de Notre Seigneur, vous avez vraiment réalisé ce que lui a fait volontairement avant d'annoncer au monde sa grande mission. Le Seigneur a voulu nous montrer ainsi la noblesse de ce travail.
Dans le monde grec, seul le travail intellectuel était considéré comme digne d'un homme libre. Le travail manuel était laissé aux esclaves.
La religion biblique est totalement différente.
Ici, le Créateur -qui, selon une belle image, a fait l'homme de ses mains- apparaît vraiment comme l'exemple de l'homme qui travaille avec ses mains, et, ce faisant, travaille avec son cerveau et son coeur.
L'homme imite le Créateur, afin que ce monde qui nous a été donné par Lui soit un monde habitable. Ceci apparaît dans la narration biblique depuis le début. Mais aussi, de manière plus forte, dans le fait que Jésus était "tecton", "artisan", émerge la noblesse et la grandeur de ce travail.

A présent, à proximité de la fête de Noël, c'est le moment de dire "merci" pour tout cela, pour votre travail qui m'encourage -comme vous qui avez tout donné- à donner moi ausi, en cette heure tardive de ma vie, tout ce que je peux donner.
Je salue ceux qui vous sont chers, et je vous accorde de tout mon coeur, ma bénédiction apostolique.




Discours de Benoît XVI aux participants du Concert de la Chapelle Pontificale.

Cher Maestro, Mgr Liberio,
Chers enfants de la Chapelle Sixtine,
Chers chanteurs, enseignants, collaborateurs et collaboratrices,


Je n'ai pas trouvé le temps de préparer un discours, même si mon idée était très simple:
dire, en ces jours précédant Noël, qu'il s'agit de jours de remerciements pour les cadeaux;
dire, en ces jours, merci à vous, pour tout ce que vous nous donnez durant l'année, pour cette grande contribution pour la gloire de Dieu et pour la joie des hommes sur la terre.

Dans la nuit de la naissance du Sauveur, les anges ont annoncé aux bergers la naissance du Christ, avec ces mots: "Gloria in excelsis Deo et in terra pax hominibus".
La tradition, depuis toujours, est convaicue que les anges n'ont pas simplement parlé comme font les hommes, mais qu'ils ont chanté, et que c'était un chant d'une beauté céleste, qui révélait la beauté du Ciel.

La tradition est aussi convaincue que les choeurs de voix blanches peuvent nous faire entendre un écho des chants angéliques.
Et c'est vrai que, dans le chant de la Chapelle Sixtine, lors des grandes liturgies, nous pouvons entendre la présence de la liturgie céleste, un peu de la beauté par laquelle le Seigneur veut nous communiquer sa joie.

En réalité, la louange de Dieu exige le chant. C'est pour cela que dans l'Ancien Testament -avec Moïse et David - jusque dans le Nouveau Testament -avec l'Apocalypse - , nous entendons de nouveau les chants de la liturgie céleste, laquelle nous offre un enseignement pour notre liturgie, dans l'Eglise de Dieu.
Pour cela, votre contribution est essentielle pour la liturgie: ce n'est pas un ornement marginal, mais la liturgie comme telle exige cette beauté, exige le chant pour louer Dieu et pour donner de la joie aux participants.

Pour cette grande contribution, je voudrais vous dire merci avec tout mon coeur.
La liturgie du Pape, la liturgie de Saint-Pierre, doit être une liturgie exemplaire pour le monde. Vous savez que, par la télévision et la radio, aujourd'hui, dans toutes les parties du monde, beaucoup de gens peuvent suivre cette liturgie. De cette façon, ils apprennent ce qu'est la liturgie, comment on doit célébrer la liturgie.
Pour cela, il est important, non seulement que nos cérémoniaires enseignent au Pape comment bien célébrer la liturgie, mais aussi que la Chapelle Sixtine soit un exemple de la façon dont on doit donner la beauté au chant pour la louange de Dieu.

Je sais -car mon frère m'a permis de toucher du doigt la beauté d'un choeur de voix blanches - que cette beauté exige un grand engagement et beaucoup de sacrifices de votre part.
Vous, les enfants, vous devez vous lever tôt pour aller à l'école; je connais la circulation à Rome, et je peux donc deviner combien il peut être difficile d'arriver à temps.
Et puis, vous devez travailler dur jusqu'au bout, afin que soit réalisée cette perfection que nous venons à nouveau d'entendre.

Pour tout ceci, je vous dis merci. Et aussi parce que, durant ces fêtes, tandis que vos camarades font de grandes promenades, vous devez rester à la Basilique pour chanter, et parfois aussi attendre une heure sans pouvoir chanter. Et pourtant, vous êtes toujours prêts à donner votre contribution.

Je ressens cette gratitude chaque fois, et, en cette occasion, je voulais vous la communiquer.
Noël est la fête des cadeaux.
Dieu lui-même nous a fait le plus grand des cadeaux, il s'est donné lui-même. Il s'est incarné, il s'est fait petit enfant. Dieu nous a fait le vrai don, et ainsi, il nous invite nous aussi à donner, à donner avec le coeur; à donner à Dieu et au prochain un peu de nous-mêmes. Et à donner aussi des signes de notre bonté, d'offrir de la joie aux autres. Ainsi, moi aussi, j'ai tenté de rendre visible ma gratitude à travers des dons, qui seront remis comme l'espression d'une gratitude pour laquelle les mots me manquent.




[Modificato da beatrice.France 29/12/2005 20.34]

sylvie.france
00sabato 31 dicembre 2005 02:32
"DOMINUS JESUS"
Une présentation soignée, joliement illustrée,
à lire et relire !


eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=dominus_jesus


"DOMINUS JESUS"

DÉCLARATION SUR L'UNICITÉ ET L'UNIVERSALITÉ SALVIFIQUE DE JÉSUS-CHRIST ET DE L'ÉGLISE

06 08 2000

CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI
sylvie.france
00giovedì 5 gennaio 2006 19:14
citations
<< Ce n'est pas la société qui peut rendre les hommes meilleurs, elle ne peut que les rendre pire .
Ce sont les hommes qui peuvent réformer la société, à la condition de s'être convertis eux-même>>

J. Ratzinger
_____________________________________________________

64.233.183.104/search?q=cache:ZNxiiaL7dg0J:perso.wanadoo.fr/fgbmficaen/Citations.htm+citations+%22ratzinger%...
Cardinal Ratzinger Théologien catholique de haut rang

"Un État qui ne veut rien savoir de Dieu et qui fonde le droit sur des avis de majorité se transforme en repaire de brigands."
beatrice.France
00mercoledì 18 gennaio 2006 16:28
Voici les paroles prononcées pour annoncer son encyclique
Retranscrites tel quelles par l'Agence ASCA.

Je traduis vite ces propos incroyablement beaux et inspirés (en espérant ne pas trahir une pensée qui me dépasse parfois) car j'ai peur que le texte ne soit ultérieurement corrigé avant traduction officielle. Et là, il n'y a aucun artifice, on croit entendre sa voix douce s'exprimer "avec ferveur", et encore une fois "a braccio".
Le commentaire sur l'encyclique, je préfère l'entendre de SA bouche que de celle des "vaticanistes"...


18 janvier
Benoît XVI a annoncé en personne, improvisant sans notes, la publication de sa première encyclique. Et il l'a fait au cours de l'audience générale, à l'issue de la cathéchèse sur la semaine de prière de l'unité des chrétiens qui se conclura le 25 janvier.


"Ce même jour, le 25 janvier - a ajouté le pape, levant les yeux du texte avec ferveur - sera finalement aussi publiée ma première encyclique (NDR: applaudissements), dont vous connaissez déjà le titre 'Deus caritas est'", Dieu est amour, ce n'est pas immédiatement un thème oecuménique, mais dans le vaste cadre, le fond du thème oecuménique, c'en est un, car l'amour de Dieu, et notre amour, c'est la condition de la vie des chrétiens, c'est la condition de la paix dans le monde.
Dans cette encyclique, je voudrais montrer ce concept de l'amour dans ses différentes dimensions.
Dans l'idéologie que nous connaissons aujourd'hui, l'amour apparaît très loin de ce qu'un chrétien pense de la charité chrétienne, mais je voudrais montrer qu'il s'agit d'un unique mouvement avec différentes dimensions. Il y a l'eros, ce don d'amour entre un homme et une femme qui vient de la même source de bonté du Créateur, c'est avec cette possibilité d'un amour qui renonce à soi en faveur de l'autre que l'eros se transforme en agape, dans la mesure où les deux s'aiment réellement , et chacun finalement ne recherche plus soi-même, sa propre satisfaction, ses propres délices, mais cherche avant tout le bien de l'autre.
Et ainsi, cet eros se transforme en charité, au cours d'un chemin de purification, d'approfondissement. Il s'ouvre ensuite avec la famille , il s'ouvre à la famille plus grande de la société, à la famille de l'Eglise, à la famille du monde.
Et je cherche aussi à démontrer que l'acte si personnel de l'amour qui nous vient de Dieu, est un unique acte d'amour qui doit aussi s'exprimer comme un acte écclésial, et même organisationnel.
S'il est réellement vrai que l'Eglise est l'expression de l'amour de Dieu, que Dieu a pour sa créature humaine, il doit être vrai aussi que l'acte fondamental de l'Eglise unit l'Eglise, nous donne l'espérance de la vie éternelle, et que la présence de Dieu dans le monde génère un acte ecclésial, c'est-à-dire que l'Eglise en tant qu'Eglise, en tant que communauté, en tant qu'organisme institutionnel, doit aimer.
Et ce que nous appelons Caritas n'est pas une simple organisation, comme il y a d'autres organisations philosophiques, mais nécessaire expression de l'acte plus profond de l'amour personnel que Dieu a créé dans notre coeur, et c'est le reflet de cet acte que Dieu est, et qui nous rend image de Dieu.

Alors, jusqu'à ce que tout soit prêt, traduit, etc.., il s'est passé du temps. Mais maintenant, il m'apparaît que c'est un signe de la Providence que justement en ce jour où nous prions pour l'unité des chrétiens, le texte soit prêt, il peut nous éclairer, et nous aider dans notre vie de chrétiens...



Voici la version originale italienne:

Papa: Ecco Le Parole Dell'Annuncio Della Sua Enciclica

(ASCA) - Citta' del Vaticano, 18 gen - Bendetto XVI ha annunciato dipersona, imporvvisando a braccio, la pubblicazione della sua prima enciclica . E lo ha fatto nel corso dell'udienza generale, al termine della catechesi sulla settimana di preghiera dell'unita' dei cristiani che si concludera' il 25 gennaio. ''E nello stesso giorno, il 25 di gennaio - ha aggiunto il papa alzando gli occhi dal testo e infervorandosi - sara' finalmente anche pubblicata la mia prima enciclica (applausi- ndr) il cui titolo gia' conoscete, ''Deus caritas est'', Dio e' amore, non e' immediatamente un tema ecumenico, ma il grande quadro, il sottofondo del tema ecumenico si', perche' l'amore di Dio e l'amore nostro e' la condizione delal vita dei cristiani, e' la condizione della pace nel mondo.In questa enciclica vorrei mostrare questo concetto di amore nelle sue diverse dimensioni. Nella ideologia che si conosce oggi, l'amore appare molto lontano da quanto pensa un cristiano circa la vera carita' cristiana, ma vorrei dimostrare che si tratta di un unico movimento con diverse dimensioni. C'e' l'eros; questo dono dell'amore tra uomo e donna viene dalla stessa fonte della bonta' del Creatore, e' con quella possibilita' di un amore che rinuncia a se' in favore dell'altro, che eros si trasforma in agape nella misura nella quale i due si amano realmente e uno finalmente non cerca piu' se stesso, la sua gioia e le sue delizie, ma cerca soprattutto il bene dell'altro. E cosi' questo eros si trasforma in carita' in un cammino di purificazione, di approfondimento. Si apre poi con la famiglia propria, si apre alla piu' grande famiglia della societa', alla famiglia della chiesa, alla famiglia del mondo. E cerco anche di dimostrare che l'atto personalissimo dell'amore che ci viene da Dio e' un unico atto di amore che deve esprimersi anche come atto ecclesiale, anche organizzativo. Se e' realmente vero che la chiesa e' espressione dell'amore di Dio, che Dio ha per la sua creatura umana deve essere anche vero che l'atto fondamentale della chiesa unisce la chiesa, ci da' la speranza della vita eterna e che la presenza di Dio nel mondo genera un atto ecclesiale e cioe' che la chiesa anche come chiesa, anche come comunita', anche come organismo istituzionale deve amare. E la cosidetta Caritas non e' una pura organizzazione come ci sono altre organizzazione anche filosofiche, ma necessaria espressione dell'atto piu' profondo dell'amore personale che Dio ha creato nel nostro cuore e che e' riflesso di quell'atto che Dio e' e ci rende immagine di Dio. Allora finche' questo era pronto, tradotto ecc. E' passato tempo. Adesso finalmente mi sembra essere anche un gesto della provvidenza che proprio nel giorno che preghiamo per l'unita' dei cristiani il testo sara' pronto spero, ci puo' illuminare e aiutare nella nostra vita cristiana''.



[Modificato da beatrice.France 18/01/2006 19.49]

beatrice.France
00giovedì 19 gennaio 2006 14:42
Audience du 19 janvier
Voici l'extrait (3mn, 6 MO) de la video où le Saint-Père annonce lui-même son encyclique. On peut voir son attitude, et entendre un peu sa voix, couverte en partie par la traduction de KTO

Annonce Encyclique

[Modificato da beatrice.France 19/01/2006 14.44]

sylvie.france
00giovedì 19 gennaio 2006 18:49
un peu plus sur cette encyclique
Toujours de cet extraordinaire site "apic" qui a des informations très intéressantes:

www.kipa-apic.ch/meldungen/sep_show_fr.php?id=2796

Rome: La première Encyclique de Benoît XVI paraîtra le 25 janvier

Elle portera sur l'amour divin et la charité chrétienne

Rome, 18 janvier 2005 (Apic) La première Encyclique de Benoît XVI, intitulée Deus Caritas est (Dieu est Amour, ndlr), paraîtra le 25 janvier 2006, a confirmé le pape Benoît XVI lors de l'audience du 18 janvier 2006 dans la salle Paul VI.

Cette première Encyclique sera rendue publique mercredi 25 janvier 2006, fête de la conversion de saint Paul. Composée de deux grandes parties, elle porte sur l'amour divin et la charité chrétienne. Une partie de son contenu a été divulgué en début de semaine dans la presse italienne.

Attendue depuis plusieurs mois, elle a été signée le 25 décembre 2005, jour de Noël, selon le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège Joaquin Navarro-Valls. Elle pourrait alors être présentée à la presse par le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr William Joseph Levada et par le président du Conseil pontifical Cor Unum, Mgr Josef Cordes.

Ecrite l’été dernier, lors du séjour du pape dans le Val d’Aoste puis dans sa résidence d’été à Castel Gandolfo, la première Encyclique de Benoît XVI a été traduite une première fois de l'allemand au latin, - langue officielle au Vatican -, puis du latin dans les langues vernaculaires. Ses traductions ont été soumises à maintes corrections, et ce jusqu'à très récemment. A ce sujet, il y aurait eu des problèmes au sein de la Secrétairerie d'Etat. Sur suggestion de la Congrégation de la doctrine de la foi, la conclusion du document aurait aussi été revue.

Composée de deux grandes parties, l'Encyclique "Deus caritas" est porte sur l'amour divin et la charité chrétienne. Elle n'est pas programmatique au sens propre du terme, comme l'étaient par exemple la première Encyclique de Jean Paul II "Redemptor hominis", centrée sur la relation entre le Christ et l'humanité, ou celle de Paul VI, "Ecclesiam Suam", sur le rapport entre Eglise et le monde. Il s'agit d'un "rappel même au cœur du christianisme", comme l'a affirmé Mgr Angelo Comastri, vicaire général de la Cité du Vatican, dans le quotidien "Il Messaggero" du 17 janvier 2006.

Plus courte que les précédentes encycliques

Cette question est en effet fondamentale pour Benoît XVI. Il a ainsi expliqué dans son message de Noël que "l'homme de l'ère technologique" risquait d'être "victime des succès mêmes de son intelligence et des résultats de ses capacités d'action s'il se laissait prendre par une atrophie spirituelle, par un vide du cœur". Le 1er janvier, il avait ensuite souligné que Dieu, "qui est l'amour parfait et subsistant" et le chemin de la paix, "s'était révélé en Jésus épousant notre condition humaine". Il avait aussi cité la première épître de saint Jean, dont le titre de l'Encyclique est tiré, lors de son homélie de l'Epiphanie, le 6 janvier 2006. "Dans l'enfant de Bethléem, Dieu s'est révélé dans l'humilité de la 'forme humaine', dans la 'condition d'esclave' ou mieux, de crucifié. C'est le paradoxe chrétien. C'est justement cette dissimulation qui constitue la plus éloquente 'manifestation' de Dieu : l'humilité, la pauvreté, l'ignominie même de la passion nous font connaître véritablement Dieu", avait-il ainsi commenté, en ajoutant que "Dieu est amour".

La première Encyclique du nouveau pape s'ouvre ainsi sur les paroles de saint Jean, avec pour incipit (premières paroles, ndlr) "Dieu est Amour : celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui" (1 Jean, chapitre 4, verset 16), suivi par un commentaire: "ces mots de la première lettre de Saint Jean expriment avec une clarté singulière le centre de la foi chrétienne, l'image chrétienne de Dieu et aussi la vision conséquente de l'homme et de son chemin".

Plus courte que les dernières Encycliques publiées, composée en 51 points sur une quarantaine de pages, celle de Benoît XVI commencerait par une partie théologique consacrée à "l'unité de l'amour, de la création et de l'histoire du salut", selon des indiscrétions révélées le 16 janvier par l'agence de presse italienne Ansa. Elle réaffirmerait la spécificité chrétienne de la révélation de Dieu, amour qui se fait "chair" pour sauver l'humanité.

L'"amour-charité"

Dans la première partie, le pape théologien insisterait aussi sur l'agape, "l'amour fondé dans la foi et modelé par elle", l'amour chrétien sans lequel l'eros, l'amour passion, finit par être "abaissé au simple sexe". Ainsi, le pape craindrait que l'apport propre au christianisme pour l'humanisation des rapports de couple soit perdu par une scission entre l'agape, l'amour qui se donne, et l'eros, l'amour de concupiscence. Sans l'agape, l'amour deviendrait, selon lui, "marchandise", quelque chose "que l'on peut vendre et acheter", faisant de l'homme même une marchandise. Benoît XVI proposerait donc à nouveau l'unité de l'eros et de l'agape comme unique voie pour garantir la plénitude de l'amour, affirmant que le mariage fondé sur un amour exclusif devient "la représentation du lien de Dieu avec son peuple et réciproquement".

"Nous devons dire non à la culture de la perversion de la joie, du mensonge, de l'escroquerie, de l'abus du corps comme marchandise", afin "de cultiver une culture de la vie", avait déjà déclaré Benoît XVI, le 8 janvier 2006. "Notre oui, est un oui à la vie, un oui à Dieu vivant, oui à la famille, oui à la solidarité et à la responsabilité sociale", avait-il affirmé lors des baptêmes d'enfants qu'il présidait dans la chapelle Sixtine.

C'est justement de la responsabilité sociale qu'il s'agirait dans la seconde grande partie de l'Encyclique de Benoît XVI. Il y traiterait en effet de la dimension ecclésiale et sociale de l'amour, du rapport entre charité et justice, et appellerait les chrétiens au partage de la solidarité avec l'entière humanité. Pour lui, "même dans la société la plus juste", l'amour-charité serait toujours nécessaire. Faisant référence à l'activité déployée par les institutions et organisations caritatives chrétiennes, il soulignerait encore que celle-ci doit être indépendante des partis ou idéologies. Elle serait en effet, pour lui, non pas la voie pour changer le monde, mais la réalisation "ici et maintenant de l'amour dont l'homme a toujours besoin".

Seconde partie à caractère plus social

Cette seconde partie de l'Encyclique, à caractère plus social que la première, a été réalisée avec la contribution du Conseil pontifical Cor Unum dirigé par l'archevêque allemand Mgr Cordes, ami de Joseph Ratzinger. Le dicastère de la charité du pape avait déjà commencé à travailler à ce projet sous le pontificat de Jean Paul II. Lui-même avait d'ailleurs estimé, lors de son audience générale du 2 octobre 1985 sur l'amour divin, que les paroles de la première épître de saint Jean, constituaient "la clef de voûte définitive de la vérité sur Dieu".

Cor Unum a en outre organisé un séminaire sur le thème de la charité et autour de l'Encyclique les 23 et 24 janvier prochains. De nombreux experts du monde entier, dont l'économiste américain James Wolfensohn, ancien président de la Banque mondiale, ont été invités à réfléchir sur le contenu de l'Encyclique dans la salle du Synode au Vatican.

Dix mois après

C'est donc au dixième mois de son pontificat que Benoît XVI publiera sa première Encyclique. Très attendue, elle représente en effet le document hiérarchiquement le plus important des écrits pontificaux. Jean Paul II avait publié sa première Encyclique le 15 mars 1979, soit moins de cinq mois après son élection. Evoquant les "nombreux documents" laissés par son prédécesseur, Benoît XVI avait expliqué, le 16 octobre 2005, que sa "mission essentielle et personnelle", face à ce "patrimoine richissime", était de "ne pas promulguer de nombreux nouveaux documents mais de faire en sorte que ces documents soient assimilés, car ils constituent un trésor très riche". (apic/imedia/ar/pr)

18.01.2006 - Apic

[Modificato da sylvie.france 19/01/2006 18.50]

beatrice.France
00lunedì 23 gennaio 2006 20:56
Benoît commente lui-même son encyclique
Laissons-nous envahir par un sentiment de gratitude devant la beauté et la haute spiritualité de ces propos, tenus par un pape érudit, et qui tranchent tellement sur la médiocrité et le matérialisme ambiants.


Le pape Benoît XVI recevant lundi au Vatican les participants à une rencontre internationale sur la charité , leur a livré un résumé de son encyclique consacrée à ce thème sous le titre "Dieu est Amour":
il entend y montrer comment l'amour humain, grâce à la foi, se transcende en charité pour l'humanité toute entière.


"Aujourd'hui, le mot amour est tellement galvaudé qu'on n'ose plus le prononcer", a estimé Benoît XVI. "Et pourtant c'est un mot fondamental que nous ne devons pas abandonner.
Nous devons le reprendre en le purifiant et en lui redonnant sa splendeur d'origine
", a-t-il ajouté. ...c'est une expression de la réalité primordiale...de ce que nous devons nous réapproprier...pour qu'il puisse illuminer notre vie. La conscience de ce fait m'a poussé à choisir le thème de l'amour pour ma première encyclique".

"Une première lecture pourra susciter l'impression que l'encyclique se divise en deux parties dissociées entre elles, la première théorique qui parle de l'essence de l'amour et la seconde qui parle de la charité ecclésiale, des organisations caritatives.
Ce qui m'intéresse c'est l'unité de ces deux thèmes qui ne se comprennent bien que s'ils sont vus comme une chose unique....
Partant de l'image chrétienne de Dieu, il faut montrer comment l'être humain est créé pour aimer et comment cet amour qui initialement apparaît comme éros entre homme et femme, peut ensuite se transformer intérieurement en agape, en don de soi à l'autre".

Le pape a également cité Dante, le grand poète de la Pré-Renaissance italienne, qui dans "La Divine Comédie" a écrit que "c'est l'amour qui fait mouvoir le soleil et les étoiles".

"Je souhaite exprimer pour notre temps et notre existence quelque chose semblable à ce que Dante a récapitulé dans sa vision".
"Le voyage cosmique dans lequel Dante entend entraîner son lecteur -a dit le Pape - s'achève devant la lumière perpétuelle qu'est Dieu, une lumière qui est, écrit l'auteur de la Divine Comédie, 'l'amour qui fait se mouvoir le soleil et toutes les étoiles'".
Le Dieu apparent au centre de l'aura, que Dante décrit, "a un visage humain..., un coeur humain".

Le Pape a alors expliqué que la vision dantesque montre la continuité entre la foi en Dieu des chrétiens et la recherche que développe la raison...
En même temps se fait jour une nouveauté dépassant toute recherche humaine... La nouveauté d'un amour qui a poussé Dieu à prendre un visage humain, à en assumer la chair et le sang... L'Eros de Dieu n'est pas une simple force cosmique primordiale, mais l'amour qui a créé l'homme, qui se penche sur lui".


"La foi est une chose très concrète, elle détermine notre style de vie", particulièrement "à une époque (comme celle d'aujourd'hui) marquée par l'hostilité et l'envie, par l'usurpation de la religion poussée jusqu'à la haine", a-t-il déclaré.




Source: AP, le FORUM CATHO

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[Modificato da beatrice.France 24/01/2006 20.45]

sylvie.france
00martedì 24 gennaio 2006 02:52
SE RAPPROPRIER LE MOT AMOUR
de : Vatican Information Service du 23 janvier 2006

c'est tellement beau ...
je n'ai pu résister


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SE RAPPROPRIER LE MOT AMOUR

CITE DU VATICAN, 23 JAN 2006 (VIS).

Ce matin, Benoît XVI a pris la parole durant le congrès organisé par le Conseil pontifical Cor Unum (23-24 janvier) dont le thème est tiré de la première épître de Paul aux Corinthiens:
"Mais de toutes, la charité est la plus grande".

Dans son discours, le Saint-Père a longuement exposé le contenu de sa première encyclique, intitulée: Deus Caritas Est, Dieu est amour, qui sera publiée mercredi.

"Le voyage cosmique dans lequel Dante entend entraîner son lecteur -a dit le Pape en introduction- s'achève devant la lumière perpétuelle qu'est Dieu, une lumière qui est, écrit l'auteur de la Divine Comédie, 'l'amour qui fait se mouvoir le soleil et toutes les étoiles'".

Le Dieu apparent au centre de l'aura, que Dante décrit, "a un visage humain..., un coeur humain".
Le Pape a alors expliqué que la vision dantesque montre la continuité entre la foi en Dieu des chrétiens et la recherche que développe la raison... En même temps se fait jour une nouveauté dépassant toute recherche humaine... La nouveauté d'un amour qui a poussé Dieu à prendre un visage humain, à en assumer la chair et le sang... L'Eros de Dieu n'est pas une simple force cosmique primordiale, mais l'amour qui a créé l'homme, qui se penche sur lui".

"Le mot amour -a dit le Pape- est tellement utilisé aujourd'hui que l'on a presque peur de le prononcer... Cependant...c'est une expression de la réalité primordiale...de ce que nous devons nous réapproprier...pour qu'il puisse illuminer notre vie.
La conscience de ce fait m'a poussé à choisir le thème de l'amour pour ma première encyclique. Je souhaite exprimer pour notre temps et notre existence quelque chose semblable à ce que Dante a récapitulé dans sa vision".

"Il s'agit en effet -a t-il poursuivi- de la conversion de la foi en une vision et une compréhension qui nous transforme.

Mon désir était de faire ressortir la foi...en ce Dieu qui a pris le visage et le cœur humain... A une époque où...nous assistons à l'abus de la religion pour l'éloge de la haine... nous avons besoin d'un Dieu vivant qui nous aime jusqu'à la mort.
Ainsi, dans cette encyclique, les thèmes de Dieu, du Christ et de l'amour sont soudés et constituent un guide central de la foi chrétienne".

"Une première lecture pourra susciter l'impression que l'encyclique se divise en deux parties dissociées entre elles, la première théorique qui parle de l'essence de l'amour et la seconde qui parle de la charité ecclésiale, des organisations caritatives.
Ce qui m'intéresse c'est l'unité de ces deux thèmes qui ne se comprennent bien que s'ils sont vus comme une chose unique.... Partant de l'image chrétienne de Dieu, il faut montrer comment l'être humain est créé pour aimer et comment cet amour qui initialement apparaît comme éros entre homme et femme, peut ensuite se transformer intérieurement en agape, en don de soi à l'autre".

"Sur cette base, il faut proclamer que l'essence de l'amour de Dieu et du prochain...est le centre de l'existence chrétienne, est le fruit de la foi" et "dans une seconde partie il faut mettre en valeur l'acte personnel d'Agapé qui ne peut jamais être qu'individuel, mais qui se convertit en acte essentiel de l'Eglise comme communauté:
il faut la forme institutionnelle qui s'exprime dans l'action communautaire de l'Eglise".

"L'organisation ecclésiale de la charité -a conclu le Pape- n'est pas une forme d'assistance sociale qui s'ajoute casuellement à la réalité de l'Eglise...elle en fait partie, en échange de son naturel...elle doit être visible de quelque façon que ce soit au Dieu vivant...
Le spectacle de l'être humain qui souffre nous touche au plus profond du cœur.
Mais l'engagement caritatif va bien au-delà de la simple philanthropie.
Dieu même nous demande d'alléger la misère... C'est à Lui que nous donnons le monde qui souffre" et "plus nous le Lui offrirons clairement et consciemment comme don, plus efficace sera notre amour pour changer le monde".

AC/ENCYCLIQUE:AMOUR/COR UNUM VIS 060123 (670)



beatrice.France
00mercoledì 25 gennaio 2006 09:18
Interview du Cardinal Ratzinger dans le magazine INSIDE THE VATICAN (I)
Que la lumière de Dieu brille

article de Robert Monihan

Une interview de Joseph Ratzinger, réalisée en 1993, et publiée par Inside the Vatican en 2001, à l'occasion du cinquantième anniversaire de son sacerdoce. Republiée dans le numéro spécial de Mai 2005, consacré à l'election.

Cette interview, menée en italien (et publiée en anglais dans la revue) fait partie d'une série mais c'est celle où sont abordés les thèmes les plus personnels. Le cardinal y raconte avec une grande franchise ses jeunes années, et son récit nous donne une vue claire du coeur et de l'âme de celui qui choisit, à l'âge de 23 ans de consacrer sa vie entière à Jésus-Christ et à son Eglise
.

NDT: j'ai rajouté les titres, pour faciliter la lecture

Première partie: Une enfance bavaroise. La Bavière catholique après la 1ère guerre mondiale. Les divisions des catholiques, leur attitude face à la montée du nazisme



Je voudrais commencer avec vous-même, vous en tant que personne.
Soyons brefs, alors. Les individus ne comptent pas beaucoup.

Mais ici, l'individu a aussi beaucoup d'importance...
Oui, mais dimanche dernier, j'ai prêché sur la lumière du monde que nous devons être, et cela signifie que nous acceptons que l'on puise voir le Seigneur à travers nous. En tant que chrétiens, nous ne voulons pas être vus pour nous-mêmes, mais pour que par nous, on puisse voir le Seigneur. Il me semble que c'est le sens réel de ce texte de l'Evangile - il dit même "agissez en sorte que les gens puissent voir l'oeuvre de Dieu, et puissent prier Dieu" - non pas que les autres gens puissent voir les Chrétiens, mais "à travers vous, Dieu". Ainsi, ce n'est pas la personne qui doit être vue, elle doit seulement permettre que Dieu puisse être vu à travers cette personne. C'est pourquoi nous ne devons pas nous arrêter trop longtemps sur les questions personnelles.

Mon idée est que la personne porte -d'une manière unique, car il n'y a pas deux personnes semblables... (le cardinal rit) ...que la personne porte la lumière dans une époque, un contexte, d'une façon qui lui sont propres. Par exemple, Saint-Augustin. Pour comprendre la façon avec laquelle il apporta la lumière à son temps, il peut être utile de connaitre son enfance, sa jeunesse, ses éudes, même ses tentations. Et, en ce 20ème siècle, il semble qu'il soit devenu plus difficile d'apporter la lumière, que celui qui cherche à apporter la lumière, à être transparent de façon qu'on puisse voir Dieu à travers lui, a une tâche difficile, solitaire. En fait, il semble qu'il n'y ait plus guère de gens à avoir un tel but.
Il y a des saints cachés, qui, cependant, apportent la lumière à cette époque.

En Allemagne, 70 ans auparavant, comment le catholicisme était-il vécu?
Je dirais que c'était dans une large mesure un catholicisme populaire. Il s'insérait dans la vie de tous les jours, avec des éléments folkloriques, et cetera. Mais aussi, il pénétrait toute la vie.
Cela ne veut pas dire que chacun était un catholique sérieux, croyant. Naturellement, il y avait tous les problèmes de cette époque. Par conséquent, il y avait de forts courants anti-cléricaux, disons, à la fois l'anti-cléricalisme du courant libéral, et celui du courant nationaliste. Et puis est venu le National-Socialisme.
A ce moment, la lutte contre le "monde" était sans aucun doute présente, particulièrement dans les villes. Cependant, dans les campagnes et les petites villes, personne ne voulait ou ne pouvait se tenir à l'écart du catholicisme, du mode de vie chrétien. Seulement, avec le début du National-Socialisme, cela commença à changer.
Parce qu'alors, disons, les fanatiques, naturellement, quittèrent l'eglise, et s'opposèrent ouvertement à l'Eglise.
Mais, je voudrais dire que ces fanatiques , qui se proclamaient ouvertement anti-chrétiens, n'étaient pas très nombreux en zone rurale. Beaucoup étaient, comme nous disons en allemand, "MITLAUFER". Des gens qui ne s'opposaient pas au régime, que faisaient ce qu'il fallait sans être nécessairement très impliqués, et qui, dans le même temps, continuaient à aller à l'église, continuaient à s'impliquer dans la vie rurale, dans les usines, de l'Allemagne de cette époque, puiqu'il était inimaginable de ne pas en faire partie.
Mais il y avait aussi un groupe de catholiques convaincus, qui vivaient une vie engagée, et, de même que les adversaires fanatiques,étaient une minorité, de même ce groupe , profondément engagé, et pour cela, profondément opposé au régime, était une minorité
Il y avait en même temps un certain Renouveau Catholique, mais aussi une certaine diversité dans les façons d'envisager le futur de l'Eglise. Il y avait le mouvement de la jeunesse "Jugendbewegung" qui, au commencement, était un mouvement proche du nationalisme romantique, mais qui avec le temps, se sépara en différentes branches: une branche était nationaliste et en fin de compte devint National-Socialiste; une autre était catholique. Déjà dans les années 20, il y avait une aile catholique du mouvement de la jeunesse dont Guardini était la figure dominante, et cette aile était étroitement liée au mouvement de renouveau liturgique, qui avait lui-même d'autres racines. Ce mouvement liturgique était soutenu en particulier par les grandes abbayes, et là avait surgi des conflits y compris parmi le cercle des Catholiques engagés. Je ne parlerais pas d'un conflit majeur, mais disons, de différences de point de vue.
En fait, il y avait ceux qui voulaient promouvoir un renouveau liturgique, avec déjà l'idée d'une réforme de la liturgie, avec un retour aux idées simples, classiques, de l'ancienne liturgie romaine, et ils étaient assez opposés à la piété pleine d'émotion, la piété mariale, cette piété qui s'exprimait dans la dévotion aux saints, c'est-à-dire la piété clasiique. Le mouvement de la jeunesse favorisait aussi ce nouveau type de piété, qui n'était pas aussi familier que les formes classiques de dévotion, la dévotion au Sacré-Coeur, par exemple; par conséquent, parmi les catholiques engagés, il y avait ceux qui, avec une grande conviction, avec une grande pénétration intellectuelle, s'engagèrent au nom des formes classiques de dévotion, dans cet aspect émotionnel, soulignant la piété mariale, la dévotion aux saints, la dévotion au Sacré-Coeur, toutes choses très importantes, et il y avait de l'autre côté ceux qui s'engageaient pour une piété sobre, érudite, liturgique, centrée sur le mystère essentiel de la liturgie, avec un style qui, même du point de vue humain, était aussi très différent.
Et ces deux courants existaient.
Mais il y avait aussi dans le même temps la défense commune de la foi en tant que telle, et de l'Eglise en tant que telle. Mais on peut dire que le premier mouvement que j'ai évoqué, le plus traditionnel, s'engageait davantage pour le Pape, se sentait davantage lié au Pape. Les autres aussi étaient fidèles, mais, disons, dans une optique nourrie par l'Ancienne Eglise où le rôle du Pape était autre, et par là, le sentiment d'émotion était peut-être moindre, l'accent était légèrement différent, même si la fidélité exitait sans aucun doute.
Et peut-être puis-je ici évoquer ma formation initiale: au début, nous étions dans un petit village de 300 ou 400 habitants, et ce mouvement liturgique n'était présent que par un élément, un détail, choisi occasionellement par le prêtre de la paroisse.


Voulez-vous parler de Marktl-am-Inn, où vous êtes né?
Non, Aschau. Le prêtre de la paroisse était un "traditionaliste", mais il avait aussi compris l'importance du renouveau, et il avait choisi d'introduire prudemment quelques éléments de la nouvelle liturgie, dans la piété de la paroisse. Mais il l'avait fait d'une telle manière que personne ne pouvait voir de rupture avec le passé, nulle opposition ne se dressa, il n'y eut aucune tension dans la paroisse.
Mais ensuite nous nous installâmes à Traunstein, une petite ville au pied des Alpes. Et là, naturellement, dans un environnement avec des écoles secondaires, etc.., les forces du renouveau, et aussi celles de la dévotion tradionnelle étaient davantage en évidence l'une et l'autre.
Ici, je voudrais dire qu'il n'y avait pas de grandes tensions. Les groupes de la jeunesse, formés par des vicaires, étaient très actifs, ici - même s'ils risquaient beaucoup, et étaient menacés par les nazis. Parmi ces jeunes, les prêtres indiquaient la force de la nouveauté, dans le renouveau. Ils avaient introduit quelque chose qui est aujourd'hui reconnu: la distribution de la communion durant la messe. Avant cela, la Communion était distribuéee AVANT la messe, ou APRES la messe.
Et ainsi, étape par étape, un certain nombre de changements dans la liturgie furent introduits, et peut-être qu'un certain nombre de catholiques traditionalistes commencèrent à se sentir mal à l'aise. Mais fondamentalement, durant ces années, la résistance commune à la religion allemande propagée par les nazis, fut un lien d'unité si fort qu'aucune tension ne put apparaître comme très importante
.



[Modificato da beatrice.France 25/01/2006 17.37]

beatrice.France
00mercoledì 25 gennaio 2006 12:54
Interview du Cardinal Ratzinger dans le magazine INSIDE THE VATICAN (II)
Que la lumière de Dieu brille

article de Robert Monihan

Deuxième partie:
Premiers souvenirs d'enfance, Marktl, Tittmonning, Aschau




Vous êtes né à Marktl am Inn en Bavière. Vous rappelez-vous la ville?
Non, car j'avais seulement deux ans quand nous avons déménagé.

Etiez-vous l'aîné, dans votre famille?
Non, le plus jeune.

Combien aviez-vous de frères et soeurs?
Un frère et une soeur.

Trois enfants?
Oui.

Et votre frère était l'aîné, ou était-ce votre soeur?
Ma soeur était l'aînée.

De combien d'années?
Elle était né en décembre 1921. Mon frère est né en janvier 1924. Je suis né en avril 1927.

Comment s'appelait votre soeur?
Maria...

Et votre frère s'appelle Georg?
Oui...

Quels sont vos premiers souvenirs?
(rires)Mon premier souvenir a trait à Marktl, et c'est vraiment le seule souvenir de ces premièrs moments de ma vie.
Dans notre maison, nous étions au second étage, et le rez-de-chaussée était occupé par un dentiste, et cette personne avait une auto, -chose qui était assez rare à cette époque, du moins en Bavière. Et l'odeur de gas-oil de la voiture est ce dont je me souviens (rires). Cela m'impressionnait beaucoup (rires).


Et vous souvenez-vous d'Aschau?
Oui. Mais avant cela, nous avons déménagé dans une autre petite ville, Tittmonning, sur la frontière autrichienne. Une jolie petite ville, avec une certaine histoire, parce qu'elle faisait partie de l'archevêché de Salzbourg. Un belle ville. Et même, au XVIème siécle, elle fut le point de départ d'un mouvement de réforme de l'Eglise, une réforme du clergé. Et les effets s'en font ressentir jusqu'à nos jours, car le prêtre qui en est à l'origine avait fixé les règles de vie du clergé, qui restent en pratique dans la région, le fait que le prêtre de la paroisse et ses vicaires vivent en commun.
C'était une très petite ville, d'environ 3000 habitants, mais très joli. Et j'ai des souvenirs très nets à la fois de la vie de l'Eglise, et de la nature environnante, mais surtout de la vie écclésiale. Il y avait deux grandes et belles églises. L'église paroissiale avait un Chapitre, et dans l'autre église, qui suivait le canon Augustinien (règle de Saint-Augustin), il y avait des religieuses. Et dans ces deux églises, il y avait une jolie musique, les églises étaient très belles, et, disons, par dessus-tout, les célébrations de Noël et de la Semaine Sainte étaient fort belles, très vivantes, et firent sur moi une profonde impression.


Combien d'années avez-vous passé là?
De 1929, jusqu'en décembre 1932.

Et ainsi, les Noëls de Tittmonning sont vos souvenirs d'enfance les plus marquants?
Oui, et plus encore, les célébrations de la Semaine Sainte. Parce que, et j'ignore si c'est la même chose aux Etats-Unis, il y avait la tombe de Jésus. Du Jeudi Saint, jusqu'au Samedi Saint. Une très belle construction baroque avec beaucoup de fleurs, de lumières, etc...
Et la vue de la Sainte Tombe, de la Sainte Sépulture, devrais-je dire, m'impressionnait beaucoup. Mais aussi les fêtes. Les vêpres, avec les chants sacrés. Les processions. Chaque jeudi, il y avait une grand'messe chantée, et une procession avec le Très-Saint Sacrement.
Et de cette façon, la beauté de l'Eglise s'imprégna fortement dans ma mémoire.
Et Noël, bien sûr, à la fois à l'église, et à la maison naturellement, était aussi très beau.


Vous souvenez-vous d'une aventure particulière, comme enfant, avec votre frère Georg et votre soeur Maria?
(rires) Je n'ai pas une très bonne mémoire pour les aventures! (rires)

Mais des randonnées dans la montagne, ou...
Eh bien, nous faisions de longues promenades avec ma mère, particulièrement en Autriche, puisque nous étions exactement sur la frontière autrichienne, comme je l'ai dit. La rivière qui coulait dans la ville servait de frontière entre l'Allemagne et l'Autriche.
Et également ceci (rires): il y avait une gare, un petit train qui reliait la petite ville au reste du monde. Mais comme nous étions pauvres, nous ne quittions jamais la ville. Nous allions souvent à pied jusqu'à la gare suivante, et et revenions à pied, et ainsi nous pouvions économiser.
C'étaient des promenades merveilleuses. Jusqu'à trois ans, ma mère me portait quelquefois, mais arrivé à l'âge de 4 ans, je pus me débrouiller tout seul.


Vous souvenez-vous de votre apprentissage des langues?
J'ai commencé à apprendre les langues étrangères seulement au lycée. En fait, notre lycée était un lycée classique, ce qui ensuite fut aboli par Hitler. Nous commencions à nous consacrer au latin, qui était au centre de nos études, puis nous continuions avec le grec, et ensuite venait le français.

Que mangiez-vous, à la maison?
(rires) Je dois dire que ma mère était cuisinière de son métier, avant de se marier, et donc, elle savait faire la cuisine. Et de plus, durant les années qui précédèrent son mariage, elle avait travaillé dans un hôtel, à Munich, où chaque cuisinier avait sa spécialité, elle était spécialisée dans les mehlspeiss.
Savez-vous de quoi il s'agit? C'est quelque chose qui existe uniquement en Bavière et en Autriche.
Ce sont des choses faites avec de la farine et de la crême, pas comme les pâtes italiennes, mais sucrées. Les apfel strudel, entre autres. Les apfelstrudel sont les seules choses qui se sont plus ou moins répandues de par le monde, mais nous avions tout un choix de spécialités de ce type. Une extraordinaire abondance!
Et nous adorions ces mehlspeiss.
Par ailleurs, nous étions naturellement assez pauvres, et elle faisait ce qu'elle pouvait pour nourrir une famille de cinq personnes. D'ordinaire, nous mangions un peu de boeuf, de la salade, des légumes.


Vin, ou bière?
Non, nous ne pouvions même pas y penser. En temps normal, nous ne buvions que de l'eau. Mais bien sûr, il y avait du café deux fois par jour, le matin et l'après-midi, mais ce n'était pas du vrai café, seulement un ersatz que nous appelions café mais qui était fait avec de l'orge.

Aviez-vous des livres à la maison?
Oui. Pas beaucoup, naturellement, mais mon père s'intéressait beaucoup à l'Histoire et à la politique, et ma mère aux romans, et donc nous avions quelques livres d'histoire, des livres religieux, naturellement, et puis aussi quelques romans, Ben Hur et Quo Vadis, etc., etc.

Les avez-vous lu?
Oui, bien sûr.

Quo Vadis se passe à Rome. Quelle idée de Rome vous faisiez-vous, dans votre enfance?
Rome était pour nous presque quelque chose de légendaire.
Rome, pour nous, c'était avant tout le siège du Saint-Père. Et puis, naturellement, nous savions que ça avait été le centre de l'Empire Romain.
Nous le savions, parce que notre coin de Bavière avait fait partie de l'Empire Romain, et il y avait, et il y a encore des vestiges de routes romaines, et beaucoup de ruines romaines. Et par conséquent, même nous, les enfants, nous savions qu'il y avait eu cet Empire romain, créé par les Romains, et que Saint-Pierre était venu à Rome, et que Rome était devenu le centre de la chrétienté, et le Siège de la papauté. Pour nous, Rome était donc, d'un côté cette histoire impériale, et de l'autre, avec un profond sentiment, le Siège du Pape.


Quelles étaient les périodes de l'Histoire qui intéressaient le plus votre père?
Mon père s'intéressait beaucoup, je dirais à l'histoire contemporaine.

Aviez-vous de vives discussions à ce sujet, à la maison?
Disons qu'il n'y avait pas réellement de discussions, mais mon père, même s'il avait fait peu d'études, était une personne absolument supérieure, sur le plan intellectuel. D'une grande supériorité, même en comparaison avec des universitaires. Et il avait ses convictions, qu'il avait approfondies au travers de l'étude, bien sûr.
C'était un grand patriote Bavarois,. C'est-à-dire qu'il n'acceptait pas volontiers l'Empire de Bismarck, et la Bavière ainsi incorporée à cette Allemagne "prussianisée".
Et on doit dire qu'il y avait toujours ces deux courants, en Bavière: un qui était réconcilié avec cette ligne, cette idée de l'Allemagne. Et l'autre qui n'acceptait pas cette idée, et qui pensait plutôt au contexte de l'histoire plus ancienne, avant la Révolution française, du Saint-Empire Romain Germanique, c'est-à-dire à l'amitié et aux relations plus étroites avec l'Autriche, et aussi la France. Et mon père était dans cette ligne, et par dessus tout, il était un catholique convaincu, et par conséquent, sa position était clairement contre le nationalisme, etc. Et ses arguments étaient si bien fondés qu'il nous avait convaincus.




Il a été été muté à plusieurs reprises: Marktl, Tittmoning, Aschau, Traunstein. Pourquoi?
(rires) Oui. Je ne sais pas. Il y avait de grandes tensions dans ces petits villages. Il y avait plusieurs usines, dans les environs, et des factions étaient nées, intolérantes entre elles. I y avait aussi un certain niveau de criminalité, qui lui compliquait la vie.

Il était chef de la police?
Oui. Et ainsi, il fut muté à Tittmoning, parce que c'était une ville plus grande, et les écoles étaient meilleures.
Il pensait toujours avant tout aux écoles.
Puis vint le temps de la grande Dépression, du chômage de masse.
C'était entre 1929 et 1932, la grande crise économique mondiale, et il y avait énormément de chômage. Et ce chômage favorisa la montée du National-Socialisme. Ces chômeurs pensaient qu'Hitler pourrait changer quelque chose. Et de ce point de vue, il changea vraiment quelque chose, créant l'armée, etc. etc. Et alors, ce fut un grand mouvement, agressif, aussi.
Et mon père s'opposa fortement à eux, et quand il vit que l'arrivée d'Hitler au pouvoir était inévitable, il demanda son transfert dans une autre petite ville, Aschau, parce que là, à Tittmoning, au moment où Hitler prit le pouvoir, ç'aurait certainement été très difficile pour la famille. Il partit au bon moment, juste un mois avant ce changement, pour la petite ville d'Aschau, où naturellement ces tensions existaient aussi, mais pas partout, ça n'avait pas autant d'impact sur la vie de tous les jours, parce que le mode de vie était rural. Et donc, ici, on pouvait survivre, même s'il y avait tout le temps des pressions, tout le temps des difficultés
.


A suivre...

[Modificato da beatrice.France 25/01/2006 13.05]

beatrice.France
00mercoledì 25 gennaio 2006 21:01
L'Encyclique "Deus Caritas est"
En français, sur le site du Vatican:
Encyclique

beatrice.France
00giovedì 26 gennaio 2006 13:37
Et la Une du numéro "historique" de l'Osservatore Romano, daté du 26 janvier 2006:





beatrice.France
00venerdì 27 gennaio 2006 08:47
Interview du Cardinal Ratzinger dans le magazine INSIDE THE VATICAN (III)
Que la lumière de Dieu brille

article de Robert Monihan

Troisième partie:
1933-1939: La prise du pouvoir par Hitler, son influence sur la vie quotidienne



Quels sont vos souvenirs de ces années entre 1933 et, disons 1939, quand vous étiez un garçon de 6 à 12 ans?
Eh bien, comme je disais, dans cette ville, il y avait de tout. Par dessus-tout, le Parti avait installé des Nazis parmi les professeurs, à l'école, et aussi le chef de la police adjoint était un jeune Nazi fervent. Ces réalités étaient présentes. Mais je dois dire que la vie de tout les jours, même l'école, je dois dire, n'était pas pénétrée profodément par le phénomène. Nous étions assez éloignés de l'évolution des évènements politiques. On en entendait parler. C'était très difficile pour mon père, parce qu'il y avait disons, de continuelles insinuations venant des supérieurs, contre le prêtre de de la paroisse, contre d'aures prêtres, des religieuses. Il y avait tout le temps de grandes difficultés.

Vous souvenez-vous d'indidents précis?
Je dois dire: pas personnellement. Mais je sais que souvent, mon père savait qu'ils ne lui donnaient plus directement les ordres, mais à son adjoint.
Mais il était au courant de ces ordres, et ainsi, il pouvait aller voir le prêtre de la paroisse, ou les autres prêtres, et leur dire: "Voilà, il va se passer ceci ou cela.". Et ainsi, il pouvait les aider. Un jour, mais je ne connais pas les détails, il fut décider d'emprisonner un certain prêtre, et il put, au bon moment, informer le prêtre, et mettre au point une parade, je ne sais en quoi elle consistait, et ainsi, il put le sauver.
A Traunstein, où nous déménageâmes, les choses étaient plus houleuses, mais les pires accidents avaient déjà eu lieu avant notre arrivée. Là, ils avaient -voyons, comment dit-on- brisé les dents d'un prêtre. Et d'autres incidents de ce type. Ils avaient placé une bombe qui explosa et endommagea le presbytère. Et le cardinal avait pénalisé la ville par une interdiction: les cloches de la ville ne devaient plus sonner.


Et célébrer la messe?
On pouvait célébrer la messe. Mais pour une ville qui aimait la musique, qui était baignée dans la tradition musicale de Salzbourg, c'était une sévère punition.

En quelle année?
En 1933, ou 1934. Mais on en parlait encore, même si je n'en fus pas moi-même un témoin direct. Nos n'arrivâmes à Traunstein qu'en 1937, mais le souvenir en demeurait vivace.

Y-avait'il une sorte de sentiment apocalyptique que la guerre était imminente?
Disons que, dans ces villes, dans les années 30, en zone rurale, les choses étaient encore pacifiques. Les gens avaient leur rythme de vie, et peu de choses avait changé. Mais je dirais qu'on pouvait voir qu'Hitler préparait la guerre. Mon père l'avait dit dès le début: "Maintenant que nous avons ce gredin, nous aurons bientôt la guerre". On pouvait percevoir que nous aurions la guerre. Mais je dirais que, pendant les quatre premières années, dans l'atmosphère de la vie de tous les jours, on n'y pensait pas vraiment. Cette situation changea avec l'annexion de l'Autriche. Nous habitions à Traunstein, non loin de la frontière, et nous pouvions sentir une grande tension. A partir de ce moment, il devint clair que les choses n'allaient pas bien.

A propos du prêtre qui eut les dents brisées: avez-vous personnllement fait l'expérience de mauvais traitements ou de violence physique.
Non. C'était dû à la rage des Nazis quand ils prirent le pouvoir. Plus tard, ils devinrent plus modérés. Parce qu'Hitler lui-même, qui était un homme intelligent à sa manière, avait presque dissous la SA, cette troupe formée par ses camarades de lutte. Il savait qu'avec ces hommes, il ne pourrait pas gagner contre le peuple. Par conséquent, il modifia profondément leur influence.

Avez-vous suivi ses actions et ses décisions de près, essayant de comprendre cet homme qui conduisait votre pays?
Disons, la raison pour laquelle il avait réduit et humilié ces compagnons, on ne pouvait pas la connaître. Je me rappelle de ceci: j'allais à l'école, j'étais sur le point de partir pour l'école, c'était en 1934, quand il prit la décision d'exécuter quelques uns des chefs.

La "nuit des longs couteaux"...
Oui. Rohm, etc. Et notre professeur nous en parla. Elle nous dit "Ces hommes voulaient faire de mauvaises choses, et le Führer en fut informé, et il nous a protégé contre eux".
Je ne sais pas comment les gens l'ont interprété. Mon père , naturellement, soupçonnait que quand Hitler faisait quelque chose, il avait l'intention de faire le Mal. Parce qu'il disait -c'était une des choses qu'il disait "Rien de bon ne peut venir du diable, même si cela semble être le cas".
Mais s'il était réellement conscient que l'élimination des SA, etait un tour pour apparaître comme le führer de tous les Allemands, cela, je l'ignore.



A suivre...

[Modificato da beatrice.France 27/01/2006 16.52]

beatrice.France
00venerdì 27 gennaio 2006 17:12
Interview du Cardinal Ratzinger dans le magazine INSIDE THE VATICAN (IV)
Que la lumière de Dieu brille

article de Robert Monihan

Qatrième partie:
Les années de guerre



Quelques années plus tard, vous étiez enrôlé dans l'armée allemande. Comment cela s'est-il passé?

C'était une chose à laquelle je ne pouvais pas échapper. En 1943, j'avais 16 ans. Et ceux qui vivaient dans un monastère, ou un séminaire, et par suite, vivaient déjà en communauté et hors de chez eux, devaient, en tant que communauté, rejoindre la défense anti-aérienne. Comme assistants, en réalité.

Et à 16 ans, vous viviez déjà en communauté au séminaire?

Oui, j'y étais entré en 1939, à l'âge de 12 ans. Durant ces années, en fait, c'était un peu de la fiction, parce que le séminaire avit été réquisitionné comme hôpital militaire pour les bléssés de guerre,. Ainsi, formellement et juridiquement, j'appartenais au séminaire, mais en fait, comme c'était un hôpital militaire, je vivais à la maison. Mais comme j'étais légalement un membre du séminaire, quand le séminaire en tant que tel fut réquisitionné et tranféré à Munich pour participer à la défense anti-aérienne, je fus forcé d'y aller.

Quels détails vous rappelez-vous, de ces mois?

Sans fin. Trop de détails pour que nous puissions les aborder maintenant.

Cette expérience vous a-t'elle changé?

Je dirais que la situation était assez étrange. Ce n'était pas simplement un service armé, puisque nous continuions à être scolarisés. Le matin, les professeurs venaient de Munich, pour nous faire cours. Et l'après-midi également, il y avait habituellement deux heures réservées aux cours. Et il y avait aussi des ordres pour que les lois de protection de la jeunesse nous soient appliquées. Par exemple, il nous était interdit de fumer.

Etait-ce une tentation?

(rires). Non. Pas pour moi. Et d'autres choses, qui étaient censées garantir la moralité de ces jeunes hommes, afin qu'ils ne tombent pas, dirons-nous, dans le piège de l'immoralité, comme soldats.
Nous désirions certainement la défaite des nazis, il n'y a aucun doute à ce sujet.
Une chose était claire: les Nazis voulaient, après la guerre, éliminer l'Eglise. Il n'y aurait définitivement eu plus de prêtres. C'était une des raisons pour lesquelles nous souhaitions leur défaite.
Nous ne faisions rien de très concret, car nous étions là avant tout pour l'assistance technique, les radars, ce genre de choses.


Avez-vous appris à faire marcher un radar?

Non, pas très bien. Presque pas du tout.

Avez-vous déjà tiré avec une arme?

Non. Nous avons appris à tirer, mais seulement à l'exercice.

Et vous avez servi de cette façon de 1943 à 1945?

Non. Il y eut trois phases. D'abord nous étions assistants pour cette artillerie anti-aérienne, et, comme je l'ai dit, ce fut une période "mixte", puisque nous nous étions une communauté étudiante, tout en faisant notre service militaire. Une fois, pour un cours, nous fûmes même envoyés à Munich, afin de pouvoir utiliser des équipements, en physique et en chimie. En cela, la communauté elle-même était intéressante. Non sans tensions, certes. Mais il y avait un sens de l'aide réciproque. Puis il y eut le service militaire. Mais c'était une activité qui n'était pas à plein temps. Cela dura jusqu'en septembre 1944.
En septembre 1944, nous fûmes libérés, et transférés à ce qu'ils appelaient "service du travail", un service que Hitler avait créé en 1933, de manière à créer du travail (des emplois), et nous sommes entrés dans ce "service", on nous envoya à la frontière autrichienne. Et nous avons dû apprendre à travailler avec des pics et des bêches, creuser des fossés, ce genre de choses.


Etait-ce fatigant, pour vous?

Epuisant. Je n'étais pas très fort, et je n'avais jamais fait beaucoup d'exercice.

Avez-vous eu des ampoules aux mains?

Oui, évidemment. Evidemment.
Nous étions sur la frontière autrichienne lors de la capitulation de la Hongrie devant les russes. Et à ce moment, nous avons travaillé à retarder l'avance de l'Armée Rouge. Nous creusions de gros fossés pour stopper les tanks, etc. , etc. Cela dura deux mois.


Comment dormiez-vous?

Nous dormions bien, après avoir travaillé toute la journée.

Que mangiez-vous?

Nous mangions deux fois par jour, mais je ne peux pas dire que nous mangions pauvrement. C'était suffisant. Et puis, je fus libéré de ce travail, et je devins un vrai soldat, un fantassin. Mais l'officier qui répartissaient les hommes, ces jeunes gens, était contre la guerre, contre le nazisme, et il chercha pour nous les meilleures affectations, et il me dit: "tu peux aller aux casernes de Traunstein", où j'aurais été chez moi. Et c'est ainsi que je fus affecté aux casernes de Traunstein, qui étaient un peu à l'écart de la ville, mais pas loin de la maison. Et c'est là que je subis ma formation militaire, comment tirer au fusil, et ainsi de suite. Et finalement, au bout de deux mois, je tombai malade, et fus malade jusqu'à la fin de la guerre.

Qu'est-ce qui causa votre maladie?

Ce n'était rien de grave, je souffrais d'une blessure à l'une de mes mains. Dans tous les cas, le Bon Dieu me protégeait. Puis les américains arrivèrent. Je fus dans une prison américaine jusqu'au 19 juin, puis je fus libéré, et rentrai à la maison.

Est-ce que cette histoire a déjà été racontée, ou publiée ailleurs?

Non. Quand je fus nommé archevêque de Munich, je donnai une interview au journal diocésain, comme je le fais maintenant avec vous. Et ils firent un petit article, mais très bref et limité.

Quelle influence pensez-vous que le fait d'avoir vécu cette période a eu sur votre formation intellectuelle?

Je dirais, de deux façons. D'une part, nous étions davantage conscients de notre foi, puisque nous étions souvent entraînés dans des discussions, et nous étions obligés de trouver des arguments pour nous défendre. Et ainsi, en ce sens, cela nous a aidés à réfléchir sur la foi, pour une vie plus concrète et pour une foi plus convaincue.
Et en second lieu, je dois dire que nous avons eu la vision d'une conception anti-chrétienne du monde, qui, en fin de compte, s'est montrée elle-même anti-humaine et absurde, parce qu'initialement, elle se présentait comme un grand espoir pour l'humanité. Et le résultat pour moi, c'est que j'ai appris à avoir une certraine réserve envers les idéologies dominantes.


Il est terrifiant de voir comment, en cette fin du XXème siècle, des pays qui se sont battus contre Hitler ont embrassé quelques-unes des idéologies anti-humaines favorisées par lui: euthanasie, par exemple, expérimentation sur les embryons humains.

D'une certaine façon, Hitler a anticipé beaucoup de développements actuels. Et il y a actuellement un débat historique très intéressant sur cette question, en Allemagne. Parce que, vu d'un certain angle, Le Nazisme était certainement un mouvement anti-moderne. Avec l'exaltation romantique du passé allemand, de la nature, contre ce que les nazis appelaient l'"intellectualisme judeo-bourgeois" du monde moderne. Il est vrai que c'était là une réaction anti-moderne, anti-libérale.
D'un autre côté, il y a maintenant une seconde école de pensée, qui soutient que le Nazisme, paradoxalement, donna une grande impulsion au processus de modernisation en Allemagne et en Europe, anticipant des réalisations et des idées qui n'étaient pas encore acceptées par la conscience commune.
Par exemple, précisément, l'idée de débarasser la communauté de ceux qui sont malades ou incapables de faire leur part de travail dans la société, les malades mentaux, en les tuant -cette idée n'était pas acceptée, même par ceux qui avaient une certaine sympathie pour le régime. Mais je dirais que s'il advenait qu'un pareil régime revînt, la résistance contre de telles choses, parmi les gens, serait bien moindre que ce qu'elle était dans ma jeunesse.



Ainsi prend fin ce long article.
Il reprend en gros les confidences faites dans son livre de souvenirs "Ma vie" , mais sous une forme légèrement plus familière (puisqu'il s'agit d'une sorte de conversation à bâtons rompues) et il donne quelques détails inédits.

Une remarque pour finir: il est frappant de voir à quel point les journalistes qui lui ont reproché son soi-disant passage dans les jeunesses hitlériennes sont ignorants et sans imagination. Comment ne pas penser avec effroi et pitié à cette génération vraiment sacrifiée (celle de mes parents, en fait) qui se retrouva entraînée sans l'avoir voulu dans un terrible malestrom de folie, de dénuement, et même de mort, que les générations suivantes, qui -comme la mienne- n'ont connu que la paix, et pour celles qui ont suivi, l'abondance, ne peuvent même plus imaginer.


[Modificato da beatrice.France 27/01/2006 21.46]

beatrice.France
00venerdì 3 febbraio 2006 20:40
Le Saint-Père commente lui-même son encyclique
Une édition française de l'encyclique:



Benoît XVI écrit en exclusivité aux lecteurs de la revue "Famille Chrétienne" pour leur présenter sa première encyclique "Dieu est amour"

Texte très beau, très émouvant, comme ses désormais fameux discours "a braccio", et où il essaie de toutes ses forces, avec une grande conviction personnelle, de nous entraîner sur son propre chemin, avec des mots simples, des mots de tous les jours, que chacun peut comprendre.

Sur ce chemin-là, beaucoup parmi nous, sans doute, aimeraient bien essayer de le suivre...même si c'est difficile.
J'ai souligné des thèmes récurrents, qui lui sont chers, comme l'"amitié avec Jesus " (l'emploi surprenant de ce mot familier pour désigner une relation personnelle), l'engagement nécessaire des chrétiens dans la vie politique (on pense à nos élus, qui manquent souvent de courage pour cela) et aussi l'exemple donné par ceux qui "transmettent la lumière de Dieu", expression déjà employée à plusieurs reprises, -cf ci-dessus- (il est clair pour nous, ici, que LUI en fait partie, même si sa modestie doit en souffrir).

L'élévation spirituelle de sa pensée me fait penser à ces moments inspirés, durant les audiences générales, où il improvise sur la cathéchèse. Et place sa méditation à des années-lumière au-dessus des dérisoires conjectures des "vaticanistes" sur les intentions du pontificat...



Texte original en italien paru dans Famiglia Cristiana


Chers lectrices et lecteurs de Famille Chrétienne

Je suis heureux que Famille Chrétienne vous envoie à la maison le texte de ma première encyclique, et me donne à moi l'opportunité de l'accompagner de quelques mots qui veulent en faciliter la lecture.
Au début, en fait, le texte peut paraître un peu difficile et théorique. Pourtant, quand on se plonge dans sa lecture, il devient évident que j'ai seulement voulu répondre à quelques questions très concrètes de la vie chrétienne.

La première question est la suivante: peut-on vraiment aimer Dieu? Et aussi: l'amour peut-il être imposé? N'est-ce pas un sentiment que l'on a ou que l'on n'a pas?
La réponse à la première question est: oui, nous pouvons aimer Dieu, étant donné que lui même n'est pas resté à une distance innaccessible, mais il est entré, et il entre encore dans notre vie. Il vient vers nous, vers chacun de nous, par les sacrement, à travers lesquels il opère dans notre vie; avec la foi de l'Eglise, à travers laquelle il se tourne vers nous; en nous faisant rencontrer des gens qui ont été touchés par lui, et qui transmettent sa lumière; avec les dispositions à travers lesquelles il intervient dans notre vie; avec les signes de la Création, q'il nous a donnée.

IL ne nous a pas seulement offert l'amour, mais il l'a vécu d'abord, et il frappe à la porte de notre coeur de plusieurs façons, pour susciter notre amour en réponse. L'amour n'est pas seulement un sentiment, la volonté et l'intelligence en font aussi partie. Avec Sa parole, Dieu s'adresse à notre intelligence, à notre volonté, et à nos sentiments, de telle sorte que nous puissions apprendre à l'aimer "de tout notre coeur et de toute notre âme".
L'amour, en fait, nous ne le trouvons pas déjà tout fait, tout prêt, mais il croît; pour ainsi dire, nous pouvons en faire lentement l'apprentissage, de telle sorte qu'il embrasse toujours plus toutes nos forces, et nous ouvre la voie d'une vie de droiture.

La deuxième question est la suivante: pouvons-nous vraiment aimer notre prochain, qui nous est étranger, ou même antipathique? Oui, nous le pouvons, si nous sommes les amis de Dieu. Si nous sommes les amis du Christ, de cette façon, il nous devient toujours plus clair que lui nous a aimés, et nous aime, bien que, souvent, nous détournions de lui notre regard, et vivions selon d'autres orientations. Si au contraire l'amitié avec lui devient pour nous, petit à petit, importante et incisive, alors nous commencerons à aimer ceux que lui aime, et qui ont besoin de mon aide. Lui désire que nous devenions les amis de ses amis, et nous le pouvons, si nous lui sommes proches intérieurement.

En dernier lieu, il y a cette question: avec ses commandements et ses interdits, l'Eglise ne nous rend-elle pas amère la joie de l'éros, d'être aimé, qui nous lie à l'autre et cherche à devenir union?
Dans l'encyclique, j'ai voulu démontrer que la promesse la plus profonde de l'éros peut mûrir seulement quand nous ne cherchons pas seulement à saisir le bonheur immédiat. Au contraire, nous trouvons ensemble la patience de découvrir l'Autre toujours plus en profondeur, dans la totalité de son corps et de son âme, de manière à ce que, en fin de compte, le bonheur de l'autre devienne plus important que le mien propre. Alors, on ne veut plus seulement prendre, mais donner, et c'est seulement dans cette libération de son "moi" que l'homme se trouve lui-même et devient rempli de joie.

Dans l'encyclique, je parle d'un parcours de purification et de maturation nécessaire afin que la véritable promesse de l'éros s'accomplisse. Le langage de la tradition appelle cela "éducation à la chasteté", qui, en fin de compte, ne signifie rien d'autre que l'approfondissement de l'amour entier dans la patience de la croissance et de la maturation.

Dans la seconde partie, il est question de la charité, le service d'amour communautaire de l'Eglise vers tous ceux qui souffrent dans leur coeur et dans leur âme, et qui ont besoin du don de l'amour. Là se posent avant tout deux questions:
l'Eglise ne peut-elle laisser ce service aux autres organisations philantropiques qui se constituent de plusieurs façons? Voici la réponse: non, l'Eglise ne peut pas faire cela. Elle doit pratiquer l'amour du prochain aussi en tant que communauté, sinon, elle annonce le Dieu de l'amour de façon incomplète et insuffisante.
La seconde question est: ne faudrait-il pas plutôt tendre vers un ordre de justice où il n'y a plus de nécessiteux, et où, dès lors, la charité devient superflue?
Voici la réponse: indubitablement, le but ultime de la politique est de créer un ordre juste, dans lequel chacun est reconnu, et où nul ne souffre de la misère. En ce sens, la justice est le but réel de la politique, tout comme la paix, qui ne peut exister sans la justice. De par sa nature, l'Eglise ne fait pas de politique en son nom propre, mais elle respecte l'autonomie de l'Etat, et son ordre.

La recherche de cet ordre de justice dû à la raison commune, de même que la politique, est l'affaire de tous les citoyens. Souvent pourtant, la raison est aveuglée par les intérêts et la soif de pouvoir. La foi sert à purifier la raison, parce qu'elle permet de voir et de décider correctement. C'est alors le devoir de l'Eglise de guérir la raison, et de renforcer la volonté de faire le bien. Dans ce sens -et sans faire elle-même de politique- l'Eglise participe avec passion à la lutte pour la justice. Aux chrétiens engagés dans des fonctions publiques, il appartient d'agir politiquement pour ouvrir toujours de nouveaux chemins vers la justice.

Ceci n'est pourtant que la première moitié de la réponse à notre question. La seconde moitié, qui me tient particulièrement à coeur dans l'encyclique, dit: la justice ne pourra jamais rendre l'amour superflu. Au-delà de la justice, l'homme aura toujours besoin d'amour, qui seul peut donner une âme à la justice. Dans le monde blessé dont nous faisons l'expérience chaque jour, il n'est pas vraiment nécessaire d'insister pour le montrer. Le monde attend le témoignage de l'amour chrétien qui nous est donné par la foi. Dans notre monde, souvent si sombre, avec cet amour, c'est la lumière de Dieu qui brille.


Cher Saint-Père, je forme les voeux les plus fervents pour que Votre parole soit entendue, et illumine la conscience du plus grand nombre.


[Modificato da beatrice.France 04/02/2006 13.02]

sylvie.france
00domenica 26 febbraio 2006 21:43
Un mois après, Benoît XVI, succès notoire
Comme toujours, un très bon article, de cet excellent site à la présentation irréprochable :


eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=2502062_eros




[Modificato da sylvie.france 26/02/2006 22.02]

beatrice.France
00lunedì 20 marzo 2006 08:56
Le cardinal Ratzinger et le féminisme
Lus dans "Présent", ces propos du préfet de la CDF sont un hommage au bon sens, et le rôle dévolu aux femmes est à des années-lumière de ce que la presse nous répète du discours soit disant "retrograde" de l'Eglise.

beatrice.France
00sabato 25 marzo 2006 21:12
Kephas
Vu sur le Forum Catholique:



Le sommaire de la revue donne en effet envie de s'abonner.:



http://www.revue-kephas.org

Patrice de Plunkett, bien connu -et aimé- dans ces pages, collabore à cette revue.

[Modificato da beatrice.France 26/03/2006 14.59]

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